Ces ministres bluffeurs
Par Kamel Moulfi – Dans cette comédie qui s’appelle, chez nous, gestion des affaires du pays pendant les jours de l’Aïd, chaque acteur a tenu parfaitement son rôle au détriment du public qui n’a plus le cœur à rire. Les autorités ont promis que les commerçants ouvriront selon un calendrier de permanence bien huilé et, de leur côté, les commerçants ont en ont fait à leur tête et ont maintenu les rideaux baissés : ni pain, ni lait, ni autre denrée indispensable à l’alimentation. Les familles qui avaient cru aux promesses du gouvernement, et n’ont pas stocké ce qu’il leur fallait pour tenir deux ou trois jours, ont été prises au piège de ce jeu. Celles qui avaient prévu que rien, dans les mœurs des uns et des autres, ne changerait, et encore moins cette année – dans les circonstances particulières que connaît le pays –, n’ont pas eu de problèmes à condition de disposer d’un congélateur aux capacités suffisantes pour conserver le pain et les sachets de lait. Les menaces de sanctions n’ont pas suffi, tout le monde sait qu’elles ne sont appliquées nulle part, ce qui explique, d’ailleurs, les bilans des accidents de la route toujours aussi lourds, les cas d’intoxication alimentaire toujours nombreux dans les urgences, et aussi les coups et blessures volontaires enregistrés pour cause d’agressions d’automobilistes qui refusent de se soumettre au racket des gangs qui tiennent illégalement des pans entiers de la voie publique transformés en places de stationnement payant. Ceux que l’on désignait avant comme «vendeurs à la sauvette», et qui sont gratifiés du titre de «commerçants informels», n’ont pas totalement disparu ; ils reviennent dès que l’occasion se présente. Les «opérateurs» qui pratiquent illégalement le change de devises en pleine rue dans la capitale n’ont pas du tout été impressionnés par la levée de boucliers, inexpliquée et sans lendemain, contre les transferts illicites de capitaux à l'étranger, alors qu’ils en constituent le maillon principal. Ils ont poursuivi leur travail le plus normalement du monde. Il n’y a rien de nouveau dans ce tableau de la situation qui montre que le gouvernement n’arrive toujours pas à imposer la concrétisation de ce qu’il décide pour mettre fin à l’incivisme. Il est évident que le lien du gouvernement avec les «administrés» reste coupé quelque part, et les choses ont tendance à s’aggraver en se banalisant.
K. M.
Comment (8)
Les commentaires sont fermés.