Le citoyen Khalid Gasmi à Algeriepatriotique : «Je refuse que ma fille porte la nationalité marocaine»
Algeriepatriotique : Quelle réponse avez-vous obtenue suite à votre demande de déchéance de votre nationalité marocaine ?
Algeriepatriotique : Quelle réponse avez-vous obtenue suite à votre demande de déchéance de votre nationalité marocaine ?
Khalid Gasmi : Les autorités marocaines, représentées par le consul et son adjoint, m’ont appelé au téléphone, pour attirer mon attention sur la gravité de l’action que j’ai décidé d’entreprendre. Le consul a essayé de m’en dissuader. Il m’a demandé, ensuite, si j’étais inscrit au consulat et si j’étais détenteur d’une carte de résidence permanente en Tunisie, et a voulu connaître mon adresse. Il m’a demandé si j’étais de Sfax et je lui ai répondu que je résidais à Nabeul. Après consultation de mon dossier, il m’a dit – après avoir lancé un «Ah !», signe qu’il était rassuré d’avoir confirmé mon identité : «Tu es Khaled Sahraoui hor’ (libre)», avec un rire sarcastique. Et de poursuivre : «Tu habites la ville de Rachidia… Tu résides à telle adresse en Tunisie… Mon fils, reviens sur ta décision avant que je ne l’enregistre et l’envoie !» Sur ce, il me passa son adjoint dont les propos étaient plus violents, lequel m’a opposé une fin de non-recevoir : «Ta demande de déchéance de ta nationalité est refusée. Si tu veux que ta demande soit acceptée, rentre au Maroc et adresse-la directement au ministre de la Justice !» Je lui ai répondu que si ma demande n’était pas acceptée, j’organiserais un sit-in avec mon épouse tunisienne et mes enfants devant l’ambassade du Maroc à Tunis pour dénoncer votre infamie. Je lui ai alors rappelé le cas de mon frère incarcéré au Mexique, à la prison San Luis Potosi. Lorsque celui-ci s’est adressé à l’ambassade du Maroc à Mexico pour l’aider à rentrer au Maroc, celle-ci l’a renié. Il alors dû se rendre aux services de l’immigration qui l’ont remis à la justice. Il se trouve derrière les barreaux depuis la mi-Ramadhan. L’ambassade du Maroc ne l’a soutenu ni matériellement ni moralement. Tout ce que notre ambassade là-bas a fait pour nous, c’est nous réclamer la somme de 20 000 dirhams (1 800 euros, ndlr) contre une soi-disant caution. Quels droits la nationalité marocaine m’a-t-elle garantis ? A quoi me sert-il d’appartenir au Maroc, dans ce cas ? Les libertés individuelles sont inexistantes et voilà que s’ajoutent la prostitution et la pédophilie, maintenant. Je refuse que ma fille porte la nationalité marocaine afin qu’elle ne soit pas stigmatisée, montrée du doigt. Nous avons été opprimés au Maroc et les autorités marocaines nous harcèlent même à l’étranger.
Avez-vous alerté vos concitoyens en Tunisie, et au pays, avant ou après votre action ?
Oui, j’en ai informé ma famille. Elle a peur et est très en colère en même temps, d’autant plus que ma mère est tombée malade lorsqu’elle a su que mon frère avait été emprisonné au Mexique à cause de l’ambassade du Maroc à Mexico. S’agissant de mes compatriotes installés en Tunisie, je ne connais personne. Tous mes amis sont des Tunisiens. L’un d’eux est au courant de ma démarche et il m’a demandé de faire très attention.
Ne craignez-vous pas d’être persécuté et attaqué pour crime de lèse-majesté ?
Evidemment que je redoute les représailles des autorités marocaines aussi bien contre ma personne [ici] en Tunisie que contre ma famille installée au Maroc. Les propos de l’adjoint du consul et sa proposition qui consiste à me rendre au Maroc pour y déposer ma demande de déchéance de la nationalité n’est en fait qu’un piège pour être interpellé et me faire disparaître comme le régime marocain en a l’habitude. Nous, après été persécutés depuis très longtemps par les autorités marocaines, notre seul tort est que mon grand-père, Dieu ait son âme, a combattu le colonialisme français et soutenu les résistants marocains. Il s’est installé à Bouarfa et ignorait que nous allions, un jour, subir le racisme et devenir des citoyens marocains de seconde zone.
Pourquoi avez-vous choisi l’Algérie comme terre d’asile ?
J’ai choisi l’Algérie tout d’abord parce que mes origines sont algériennes. J’appartiens à la tribu des Ouled Djerir, à Béchar. Mes cousins portent le nom de Slimani à Debdaba. Je serai protégé parmi les miens. J’aurai alors les coudées franches pour dénoncer ce régime et réhabiliter ma famille. Je demanderai la nationalité algérienne pour ma fille. Mes enfants seront une source de fierté. Ils lèveront enfin la tête et ne se prosterneront jamais à Houbal (une des principales divinités préislamiques de la Ka’ba à la Mecque, ndlr). S’il existait une dignité au Maroc, mon frère et moi n’aurions pas fui le pays. Les autorités marocaines assumeront l’entière responsabilité si jamais ma mère ou mes deux sœurs étaient persécutées. Je saisis cette occasion pour demander la protection de la Tunisie et de ses hommes. Je rappelle que mon épouse est tunisienne et que c’est donc leur fille. Je ne voudrais pas accabler la Tunisie davantage [avec ce problème], dans le contexte actuel difficile. Je saisi également cette occasion pour saluer le peuple algérien fier et courageux. Je remercie un frère algérien établi au Mexique avec qui j’ai correspondu tout à fait par hasard sur Facebook et qui a décidé de m’aider pour rétablir mon frère dans ses droits. Je salue aussi le peuple tunisien qui m’a gratifié de son amour et de sa gentillesse. Je rappelle, encore une fois, que mon père est né à Béchar. Avant de finir, j’aimerais dire ceci à Chabat, le secrétaire général du parti Istiqlal, connu pour être un corrompu et qui exploite l’ignorance de certains citoyens à Bouarfa et Figuig pour faire croire à une supposée appartenance de Béchar et ses environs au Maroc. Je lui dis : cessez votre hypocrisie et vos mensonges, ne déformez pas l’histoire de la région. Vous, le sieur Chabat, vous êtes l’esclave de votre maître et vous vivez de ses miettes. Votre campagne vise à parasiter la cause des Sahraouis et détourner l’attention de leurs revendications pour le recouvrement de leurs territoires. Votre campagne ratée ressemble à celle de votre régime malheureux qui, à chaque fois que l’Espagne s’en mêle, dévie son regard vers la Catalogne.
Propos recueillis par R. Mahmoudi
Comment (60)