Les routiers ciblés par des agresseurs sur l’autoroute en plein jour
Les conducteurs de camions sont de plus en plus nombreux à se plaindre des agressions dont ils sont victimes sur le tronçon reliant Bordj Menaïel à Si Mustapha, aux confins est de la wilaya de Boumerdès. Un tronçon d’une vingtaine de kilomètres devenu pour eux synonyme de cauchemar. Les agresseurs, raconte un transporteur d’eau minérale faisant la navette Alger-Azazga qui a déjà échappé à une de ces razzias, élaborent tout un plan d’attaque et prennent le temps nécessaire pour le mettre à exécution en plein jour. Méthodiquement, ils choisissent le moment pour provoquer d’abord un embouteillage en renversant du sable, du goudron ou n’importe quel autre matériau au milieu de la route, pour voir une file de plusieurs kilomètres de véhicules se former au bout de quelques minutes. A ce moment-là, des essaims de «sauvageons» munis de toutes sortes d’armes blanches surgissent des abords de la route, cernés de dizaines de taudis enfouis dans des roseraies, pour tétaniser les automobilistes et prendre particulièrement en otage les camionneurs. Suite à quoi, un autre groupe vient à bord de camionnettes ou de fourgons et s’applique aussitôt à charger toutes sortes de marchandises se trouvant dans les différents camions et autres semi-remorques, avec une préférence pour ceux transportant les boissons. Notre interlocuteur dit avoir assisté à une scène au même endroit, où des agresseurs ont complètement vidé un camion rempli de caisses de bière de marque Heineken, dont la valeur est estimée à 3 millions de dinars. Face aux assaillants, les conducteurs n’ont d’autre choix que de céder. Mais beaucoup d’entre eux comptent alerter les autorités et réclamer la sécurité sur ce tronçon inévitable pour la plupart d’entre eux. Il faut dire que ce phénomène d’insécurité sur les autoroutes algériennes s’est posé à plusieurs endroits du pays, et à chaque fois que des points de contrôle fixes sont installés sur les lieux réputés dangereux, la sécurité revient. Le problème avait été signalé, il y a deux ans, aux environs de Boudouaou, à l’entrée de la capitale, mais depuis qu’un détachement de la Gendarmerie nationale est installé là-bas, plus personne ne s’est plaint d’aucun souci. La «solution sécuritaire» a prouvé son efficience. Mais suffirait-elle pour résoudre définitivement une problématique qui, de par certains de ses aspects, appelle des réponses sociales durables ?
Rabah Aït Ali
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