Mandat d’arrêt contre Khelil ou la fin de l’impunité
L’information a fait tout de même l’effet d’une bombe : le juge d'instruction en charge de l'affaire «Sonatrach 2» a lancé des mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de neuf individus dont l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, sa femme, ses deux fils et le nommé Farid Bedjaoui. C’était dans l’air, mais que celui qui a été longtemps le tout-puissant ministre de l’Energie, et qui se prévalait même de l’entourage du Président, devienne un «individu» objet d’un mandat d’arrêt international, cela ne manque pas de produire incontestablement un choc médiatique qui aura sans aucun doute ses répercussions dans l’opinion publique. Le traitement des affaires de corruption par la justice algérienne est une chose devenue courante, mais jusqu’à ce jour, seules les personnes de seconde zone étaient directement jugées, aucune «grosse pointure» n’avait été l’objet d’un mandat d’arrêt, comme Chakib Khelil, aujourd’hui mis dans la perspective de l’emprisonnement vu les charges qui pèsent sur lui. L’ancien ministre s’est enrichi sur le dos du pays sans se soucier de le servir, en prenant des commissions sur les gros contrats. Plus aucun doute n’était permis après les révélations de la presse italienne selon lesquelles l’intermédiaire Farid Bedjaoui remettait l’argent de la corruption à Chakib Khelil. La justice algérienne ne pouvait être en retrait par rapport aux juges italiens qui ont décidé de saisir 123 millions de dollars (92,6 millions d'euros) déposés sur des comptes appartenant à Farid Bedjaoui, présenté comme le bras droit de Chakib Khelil. Le parquet de Milan (nord) a également lancé un mandat d'arrêt international contre Farid Bedjaoui, avait annoncé le quotidien Corriere della Sera. «Plus de 100 millions de dollars» (75,3 millions d'euros) se trouveraient à Singapour sur des comptes contrôlés par M. Bedjaoui et 23 autres millions de dollars (17,3 millions d'euros) seraient à Hong Kong, précisait la même source. Rappelons que selon la juge italienne Alfonsa Ferraro (voir l’article d’Algeriepatriotique «Comment Khelil et Hemche ont fait main basse sur le pétrole», paru le 20/09/2012), citée par le Corriere della Sera, Saipem a obtenu en Algérie sept contrats d'une valeur totale de huit milliards d'euros. Pour obtenir ces marchés, le groupe a payé 197 millions de dollars de pots-de-vin qui ont été présentés comme étant des frais d'intermédiation de la société «Pearl Partners Limited», une société de Hong Kong contrôlée par Farid Bedjaoui. C’est Pietro Varone, responsable de la division ingénierie et construction, qui avait vendu la mèche en reconnaissant devant les magistrats, plusieurs semaines avant son arrestation, selon le Corriere, que «Pearl Partners et Bedjaoui sont la même chose» et que «Bedjaoui a dit clairement qu'il donnait l'argent au ministre de l'Energie Khelil».
Kamel Moulfi
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