Egypte : l’épreuve de force entre l’armée et les Frères musulmans se confirme
Moins de quinze jours après avoir qualifié les manifestations incessantes des Frères musulmans et de leurs partisans de «menace inacceptable à la sécurité nationale du pays», les autorités égyptiennes ont donc mis en œuvre leur plan de dispersion des rassemblements islamistes. L’épreuve de force se confirme entre le nouveau pouvoir égyptien, décidé à appliquer la feuille de route annoncée par l’armée au moment de la destitution de Morsi, et les Frères musulmans qui ont promis qu'un mois après le Ramadhan, ils reprendraient le pouvoir. Le gouvernement égyptien est conforté au plan international par le soutien déclaré ou implicite de ses principaux partenaires. Ainsi, les Etats-Unis et l'Union européenne, qui ont appelé au retour de la démocratie en Egypte, confient aux autorités la responsabilité de mener la transition, autrement dit, il s’agit d’un appui à la feuille de route de l’armée. On sait que l'Otan, tentée par une intervention directe dans ce genre de situation mettant en jeu la stabilité d’un pays allié, reste neutre s’agissant des événements en Egypte, se gardant bien de rééditer la catastrophe commise en Libye. Quant à l’Arabie Saoudite et aux Emirats, leur position hostile aux ambitions qataries se confirme dans le soutien déclaré qu’ils accordent au nouveau pouvoir égyptien. Idem pour l’Union africaine dont la première réaction hostile au nouveau pouvoir égyptien a ensuite été rectifiée. Dans cette recherche de soutien, le vice-ministre égyptien des Affaires étrangères, chargé des Affaires africaines, Ali El-Hafni, était lundi à Alger et a été reçu par Mourad Medelci à qui il a remis un message de son homologue égyptien. Pour le reste, les autorités égyptiennes font preuve d’une fermeté remarquable. On l’a vu avec l’annulation du déplacement du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan prévu dans la bande de Ghaza. Le pouvoir égyptien ne lui pardonne pas sa réaction face à la destitution du président Morsi et son soutien au mouvement des Frères musulmans. Par ailleurs, la présidence égyptienne a pris soin avant l’usage de la force de faire savoir que les médiations diplomatiques internationales déployées sur autorisation du gouvernement égyptien ont échoué et n’a pas manqué de préciser que les autorités égyptiennes espéraient rétablir dans le pays le calme et la sécurité. Le gouvernement a rendu responsables les Frères musulmans de l'échec de ces efforts, les accusant de violer la loi et de porter atteinte à la paix civile et la concorde nationale. C’est donc dans des conditions internationales favorables que le nouveau pouvoir égyptien a décidé d’en finir avec les manifestations de rues des islamistes. Pour ce qui est de la situation interne, il faut noter qu’une grande partie de la population du Caire et des autres grandes villes ne supporte plus les manifestations des pro-Morsi pour des raisons politiques, mais aussi, plus directement, à cause du désordre qu’elles entraînent. Les Frères musulmans en sont arrivés à faire venir les habitants aux manifestations, et à les mobiliser en les fanatisant et en leur faisant croire que le pouvoir est contre l'islam. En outre, les pro-Morsi pensent que les militaires égyptiens n’iront pas jusqu’à tirer sur la foule de peur de faire des victimes et de s’attirer les foudres de l’Occident. Amnesty International a déjà condamné la décision prise par les autorités de disperser les manifestants par la force. En même temps, les Frères musulmans poussent à la confrontation sanglante, et personne, en Egypte, n’ignore qu’ils ont des armes, eux-mêmes ne le cachent pas. Leurs alliés en font usage au Sinaï dans des actions terroristes directement en réaction à la destitution de Morsi et ciblant les militaires, policiers et civils résidant dans cette région. Tout le monde sait que les groupes terroristes islamistes ont été constitués par l’apport des criminels qui ont fui les prisons ou en ont été libérés durant la période où Morsi dirigeait le pays. Ces groupes islamistes mènent maintenant une lutte armée contre les autorités égyptiennes. Fanatisation, terrorisme et propagande mensongère sont, sans surprise, les moyens utilisés par les Frères musulmans devant l’offensive déterminée des autorités égyptiennes à mettre fin aux manifestations provocatrices des islamistes.
Kamel Moulfi
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