Attentats ciblés : l’ombre du GIA plane sur l’Egypte
On a beau essayer d’éviter la comparaison entre les événements qui se déroulent actuellement en Egypte et ce qui s’est passé, il y a plus de vingt ans, chez nous, les faits têtus nous y poussent avec force. Ce matin, 25 policiers ont été tués dans le Sinaï. Cette action rappelle les premières embuscades contre les policiers dans nos villes au début. C’était, en Algérie, la phase initiale du terrorisme, celle des premiers balbutiements, consistant à s'attaquer à des soldats et des policiers pour récupérer des armes. Mais la convergence entre les deux situations ne va pas plus loin. A la différence du scénario algérien, les différentes interventions de l'armée et de la police égyptiennes au Caire trahissent un manque d'expérience flagrant dans la gestion de ce phénomène. Nous avons vu des policiers et soldats tirer sur des cibles armées, tout en étant entourés de badauds et d'une foule prête à en découdre avec les Frères musulmans. Ceci est impensable en Algérie, les terrains d'opération ont toujours été systématiquement évacués avant toute intervention des services de sécurité. Par ailleurs, l'Egypte est dotée d'une armée et d'une police pléthoriques – plus d'un million d’éléments dans chaque corps – mais le manque d'expérience risque de rendre difficile la tâche des services de sécurité dans la lutte antiterroriste. L'Egypte gagnerait à admettre sa faiblesse dans ce domaine et à solliciter l'aide et les conseils des deux pays qui ont une expérience dans la lutte antiterroriste. Deux pays arabes ont fait la preuve de l’efficacité de leur démarche dans cette lutte, l'Algérie et l'Arabie Saoudite, chacun à sa manière évidemment : l'Algérie, de façon indépendante, sans recourir à une quelconque aide extérieure (au contraire, elle lui était proscrite et allait plutôt aux terroristes), mais en combinant l’action des services de sécurité et celle de la population, tout en privilégiant la voie de la réconciliation ; l'Arabie Saoudite en coopérant avec ses alliés occidentaux dont elle dépend. Evidemment, la volonté de l’Egypte de refuser toute ingérence extérieure l’amènera à prendre ses leçons plutôt de l’expérience algérienne.
Kamel Moulfi
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