Réda Bouchefra à Algeriepatriotique : «C’est moi qui ai donné le numéro de Chakib Khelil aux journaux»
Algeriepatriotique : Avez-vous décidé de donner le numéro de téléphone de votre propre gré ou quelqu'un vous a-t-il demandé de le faire ?
Algeriepatriotique : Avez-vous décidé de donner le numéro de téléphone de votre propre gré ou quelqu'un vous a-t-il demandé de le faire ?
Réda Bouchefra : Premièrement, permettez-moi de vous dire que j’étais venu de New York à Oran, chez mes parents, pour passer les vacances du Ramadhan et de l’Aïd. Quand j’ai lu, comme tout le monde, les comptes rendus de la conférence de presse du procureur général près la cour d’Alger, M. Belkacem Zeghmati, à ce moment-là, j’ai été un peu déçu parce que j’ai senti que l’événement n’avait pas été traité d’une manière professionnelle par mes confrères et consœurs. Alors, j’ai décidé de donner le numéro de téléphone du premier concerné dans cette affaire, en l’occurrence M. Chakib Khelil, dans le but de lui donner la parole pour s’exprimer. Et, croyez-moi, si je n’avais pas pris cette initiative, une autre partie «hostile» comme Al Jazeera aurait pu le faire.
Avez-vous pris attache avec les journaux vous-même ?
Oui. J’ai publié un post le mardi 10 août à 10h, dans lequel j’ai demandé aux confrères s’ils étaient intéressés d’obtenir le numéro de téléphone de M. Khelil. Le premier à me l’avoir demandé a été Karim Hadjoudj du journal arabophone El-Bilad, puis Hadda Hezzam, la directrice d’El-Fadjr, ensuite ce fut au tour de Mohamed Hammadi du journal Echorouk et Zoubir Fadel et Abdelhafid Souaïli d’El-Khabar.
Comment expliquez-vous la disponibilité de Chakib Khelil à répondre aux questions des nombreux journaux qui l'ont sollicité ?
Je crois que c’est normal qu’il réponde aux questions des journalistes après le mandat d’arrêt international lancé contre lui et sa famille. N’oublions pas la présomption d'innocence qui est le principe selon lequel toute personne qui se voit reprocher une infraction est réputée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement prouvée.
Quel secret cache la ressemblance entre les questions posées par les journaux qui ont pris attache avec M. Chakib Khelil ?
Je crois que c’est l’esprit journalistique qui domine dans ce genre de situations. Un ancien responsable algérien qui vit aux Etats-Unis est recherché par la justice algérienne ; il est à mon sens normal qu’on lui pose une question sur sa double nationalité ou toute autre question. Si, demain, le patron des services secrets algériens, le général Tewfik, accordait une interview à quatre journalistes différents, je suis certain que ces derniers lui poseraient presque les mêmes questions en relation avec les préoccupations qui dominent la scène nationale.
Chakib Khelil est-il devenu à ce point facilement joignable ?
Malheureusement, il n’est plus disponible. Je suis rentré à New York vendredi dernier. J’ai essayé de l’appeler plus de trente fois pour réaliser une interview télévisée avec lui, mais il ne répond pas. Je crois que la dernière intervention accordée à un média algérien a été celle de jeudi 14 août à Dzaïr TV. Il se peut que son avocat lui ait conseillé de ne plus répondre aux sollicitations des médias algériens.
N'est-ce pas, au contraire, une contre-offensive médiatique planifiée et concertée ?
Non, pas du tout. Vous pouvez consulter l’historique de cette affaire sur ma page Facebook. C’était un scoop pour les quatre journaux.
Comment avez-vous eu son numéro vous-même ?
Moi, je vis dans un pays où le droit à la libre expression est assuré par le premier amendement de la Constitution. Il est donc très facile pour les journalistes de contacter n’importe quelle personne ou institution. Dans un pays qui communique, le numéro de téléphone de M. Chakib Khelil est noté comme tout autre numéro sur mon agenda. J’ai estimé qu’il était temps de le dévoiler.
Pourquoi l'avez-vous rendu public ?
Je ne l’ai pas rendu public. J’ai juste lancé un appel aux journalistes pour les aider à avoir accès à l’information. J’étais journaliste en Algérie et je travaille ici [aux Etats-Unis] comme news producer. Mon travail consiste à obtenir un maximum d’informations et de contacts, alors, pourquoi être égoïste et ne pas partager ? ai-je estimé.
Propos recueillis par Mohamed El-Ghazi
Comment (22)