Vers une grève illimitée à ArcelorMittal Annaba
Le conflit opposant le syndicat du complexe sidérurgique d’El-Hadjar (Annaba) à la direction générale s’exacerbe. Face au refus du géant indien de l’acier d’accéder aux revendications d’ordre salarial des travailleurs, le syndicat envisage une grève générale illimitée dont le préavis devrait être déposé le 28 du mois courant. La situation ne prête guère à l’optimisme. La proposition d’une revalorisation salariale de 7% à partir de janvier 2014 faite par l’entreprise a été énergiquement rejetée par le syndicat qui exige une augmentation du salaire de base de 28%. Les discussions sont dans l’impasse. Les deux parties s’arc-boutent sur leurs positions et le complexe ne tourne plus. Détenu à 70% par ArcelorMittal et 30% par le groupe public Sider, le complexe d’El-Hadjar fait face à une crise sans précédent. Ce fleuron de l’industrie lourde durant les années 70, qui alimentait non seulement le marché national mais aussi plusieurs marchés européens, n’arrive plus à décoller depuis sa privatisation en 2001. Le complexe avec ses problèmes de gestion et de trésorerie auxquels se sont greffées les multiples actions de protestation des travailleurs ne produit plus assez pour rester viable sur le marché. Les 5 400 travailleurs qui n’ont jamais apprécié le mode de gestion de l’indien s’inquiètent sérieusement pour leur avenir. Leurs revendications sont à chaque fois conditionnées par des impératifs de production. La direction d’ArcelorMittal exige une production de l’ordre de 300 000 tonnes d’acier liquide pour augmenter les salaires de 28%. Ce que qualifient les travailleurs de fuite en avant. La rupture est ainsi consommée entre la direction et le syndicat. Le durcissement du conflit intervient au moment où l’on parle d’une sérieuse option de nationalisation de ce complexe. L’idée d’une telle «solution» a été soufflée il y a près de deux ans par l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia. La situation actuelle du complexe confirme, aux yeux de nombreux économistes, l’échec de la privatisation, laquelle n’a aucunement servi les intérêts économiques de l’Algérie, puisqu’on continue à importer d’importantes quantités d’acier et de rond à béton pour les besoins du marché national. L’objectif de la privatisation, à savoir faire d’El-Hadjar le poumon de l’industrie algérienne, n’a pas été atteint. Le but d’ArcelorMittal n’a jamais été celui de développer la sidérurgie algérienne, mais d’amasser un maximum d’argent pour mieux quitter le pays ensuite. Et c’est apparemment ce qui est recherché par ce refus de tout dialogue avec les travailleurs.
Sonia B.
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