Lapider, trancher les têtes, terroriser
Lapider, trancher les mains, trancher les têtes sont les prescriptions les plus connues de la charia. Etre de connivence avec ceux qui veulent instaurer l’islam politique pour gouverner c’est faire croire qu’il y a encore des peuples qu’on doit diriger à l’aide de lois divines. Dans ce cas, que ceux qui défendent les islamistes doivent nous dire pourquoi ils ne réinstaurent pas chez eux le pouvoir de l'Eglise. Le problème relève-t-il du racisme ou seulement d’incompréhensions ? Pour voir plus clair, ensemble, posons-nous la question : quelles sont les conditions d’existence matérielle dans les pays du Maghreb et du Machrek ? Un retour en arrière s’impose et on constate que si les guerres de libération se sont affaiblies jusqu’à devenir de simples guerres d’indépendance, c’est aussi à cause des islamistes. Les islamistes à défaut de combattre les mouvements de libération nationale les ont rejoints bien tard pour mieux les étrangler. Les peuples pris entre deux feux, la colonisation et les islamistes, se sont accommodés de cette résultante qu’est l’indépendance, c'est-à-dire la libération du territoire seulement et non celle du territoire et du citoyen. Cette demi-victoire apparaît de plus en plus, avec l’évolution des moyens d’existence, comme une guerre inachevée. C’est cette guerre qui est sous nos yeux. Une guerre entre un projet de société démocratique et un projet d’une société théocratique, elle est à la fois une guerre entre la laïcité et la théocratie, entre la tendance aux libertés universelles et la tendance aux soumissions à des pouvoirs religieux ou dictatoriaux. Pour ne pas revenir à toute l’histoire moderne de ces régions, revenons à l’actualité brûlante de l’Egypte. Nous savons que c’est suite à la demande de millions d’Egyptiens que Morsi a été destitué. La question n’est pas pourquoi il a été destitué, mais pourquoi a-t-il été candidat aux élections présidentielles ? Nous savons aujourd’hui que les islamistes pratiquent ce qu’ils ont toujours clamé : la guerre est traîtrise. Elle n’est menée, sous-entendu, que contre les traîtres. Est considéré comme traître celui qui n’est pas musulman, en premier les Coptes en ce qui concerne les islamistes égyptiens. Ils s’attaquent donc à leurs églises. Cette guerre qui prône la traîtrise laisse croire qu’elle ne concerne pas tout le monde, la majorité du peuple égyptien étant musulman culturellement ou religieusement ne se sent pas impliquée directement par cette guerre. En plus, théoriquement, on aime bien croire qu’un musulman en général ne fait pas la guerre à un autre musulman, surtout à cause de la confusion qu’entretient la majorité des médias et leurs imams cathodisés ou autres intellectuels arabes des universités suisses, espagnoles, entre islam et islamisme. Cette confusion prend la forme d’un leurre, le plus mortel de ces dernières décennies. Ce leurre vise en premier à transformer les bourreaux en victimes et à culpabiliser les innocents, dans le but de substituer le monopole de la violence à l’Etat. L’armée, à qui est confiée ce monopole de la violence demeure dans les crises actuelles l’unique institution capable d’affronter les troupes fanatisées qui dans beaucoup de cas versent dans le terrorisme. S’il y a une guerre dans un pays, malgré le terrorisme, on maintient que c’est l’armée qui en est responsable. Si on ajoute cette constatation que sous l’uniforme, le militaire n’est pas perçu comme un musulman, bien qu’il soit musulman et qu’il fasse la prière, alors que l’autre qui est habillé d’une robe et d’une barbe est musulman même si c’est un assassin. Les islamistes s’attaquent aux églises après s’être attaqués aux artistes, aux intellectuels, aux peuples en général et particulièrement aux femmes en instaurant le mariage de complaisance, mariage licite en temps de guerre. Ils ne sont pas nombreux à voir ces viols, ces crimes, et à entendre ces appels à la soumission au quotidien et durant des décennies ; par contre, les condamnations fusent contre l’armée. Si je déplore les morts, je ne fais ni de l’Etat égyptien ni de son armée des coupables. On peut reprocher aux services de sécurité de n’avoir pas été assez vigilants en laissant les islamistes s’installer durablement dans les places publiques. Cette erreur n’est-elle pas due aux supposées recherches de compromis entrepris par les Européens et leurs consorts ? Si au temps de Bush, la guerre contre les peuples arabes est menée par l’armée américaine, la guerre que mène Obama, crise financière oblige, est plus pernicieuse. Obama en s’adressant dans son discours du Caire aux musulmans et non aux Egyptiens s’est placé aux côtés des islamistes, devenus des partenaires, des alliés qui lui sont plus utiles que sa propre armée. C’est pourquoi Morsi est devenu président, sachant pertinemment que les Frères musulmans étaient presque étrangers à la destitution de Moubarak. Aujourd’hui, des pays comme la France convoquent les ambassadeurs d’Egypte pour les culpabiliser et du coup laissent croire à leurs peuples et à l'opinion publique en général qu'ils sont innocents du sang égyptien, syrien et tunisien d'aujourd'hui, et du sang algérien d'hier.
Saâdeddine Kouidri
Pour les chrétiens et…
Sachez que dans son article «Pour les musulmans», Edwy Plenel colporte une idée saugrenue en affirmant que «l’interruption en 1992 du processus électoral, suivie de l’interdiction du Front islamique du salut (FIS), ouvrit une décennie de guerre civile» en Algérie. Il faut savoir qu’il est plus juste de dire que c’est la légalisation du FIS qui a ensanglanté l’Algérie et quelques faits ci-dessous vont l’étayer.
– 1975 : au mois de mai, les étudiants FM (frères musulmans) prenaient d'assaut, à l'université de Constantine et à la faculté de droit de Ben Aknoun, les urnes lors des élections des délégués de la conférence de la jeunesse. Le 31 décembre, des poteaux électriques et téléphoniques sont sciés par des groupes islamistes.
– 1976 : suppression de l'enseignement confessionnel privé coranique et chrétien. Le repos hebdomadaire est fixé au vendredi
– 1977 : le cheikh Omar Arbaoui, prêcheur à la mosquée d'El-Harrach, empêche la représentation de la pièce de théâtre de Kateb Yacine Mohamed prend ta valise à El-Harrach.
– 1981 : le groupe Bouyali tente des attentats à Alger en juillet. En novembre, un groupe d'islamistes armés se réfugie dans une mosquée à Laghouat. Il tue un policier et se fait neutraliser par l'ANP.
– 1982 : les maquis du MIA apparaissent dans la plaine de la Mitidja. Le mardi 2 novembre, l'étudiant Kamal Amzal (Madjid) est assassiné au campus de Ben-Aknoun à coups de sabre au cri d'Allah Akbar.
– 1984 : l'APN vote le code de la famille, ce code de l'infamie condamne la femme au statut de mineure. Une loi anticonstitutionnelle que cède Chadli aux islamistes. L’article 29 de la Constitution dit : «Les citoyens sont égaux devant la loi, sans que puisse prévaloir aucune discrimination pour cause de naissance, de race de sexe…). Mahfoud Nahnah et Ali Benhadj seront condamnés dans l’affaire dite «Bouyali» et par la suite graciés par Chadli.
– 1985 : l'école de police de Soumaâ, à quelques km d’Alger, est attaquée, plusieurs élèves sont égorgés un jour de fête.
– 1988 : le 26 septembre, début de la grève dans la zone industrielle de Rouiba et qui s’étend les jours suivants par un élan de solidarité jusqu’à Hussein-Dey. Les policiers arrêtent des militants et des syndicalistes. Ils sont des centaines à être torturés. Le 5 octobre, des émeutes feront plus de cinq cents morts, où les islamistes sont absents, mais qui rafleront la mise par la suite, comme partout ailleurs. Le 30 novembre, le 6e congrès du FLN désigne Chadli pour un 3e mandat.
– 1990 : le 15 août, Chadli décrète l'amnistie générale des terroristes, ces mêmes terroristes, dont Makhloufi, vont encadrer les hordes sauvages du FIS qui va être légalisé, et qui accouchera des GIA.
S’il y a une leçon à tirer, c’est celle d’affirmer que c’est parce les chrétiens se sont abstenus de la politique qu’ils préservent leur religion du terrorisme et de l’intégrisme comme alternative à l’armée ! Pourquoi cette leçon qui dure depuis plus d’un siècle n’est toujours pas apprise. Cela ne relève plus de la mauvaise volonté. Et ce mensonge n’est amplifié aujourd’hui que pour effrayer les Egyptiens et les dissuader d’interdire «les Frères musulmans».
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