Le salafiste Abdelfettah Hamadache : «Si je suis président en 2014, j’instituerai une police islamique»
Dans un entretien paru sur le site web de la chaîne qatarie Al Jazeera, Abdelfettah Hamadache, chef d’un obscur parti islamiste, ne cache pas son rêve d’établir en Algérie un Etat islamique avec à sa tête, évidemment, un président islamiste qui ne serait personne d’autre que… Abdelfettah Hamadache, c'est-à-dire lui-même. Son programme ne se distingue pas de ceux des autres partis islamistes, y compris sur la question du contrôle des comportements des Algériens dont il veillera à la conformité par rapport aux préceptes de la religion, telle qu’il la conçoit lui-même. Il s’appuiera pour cela sur une police islamique qu’il créera en priorité. Pour le moment, il reproche aux autorités algériennes de faire la sourde oreille à ses demandes d’agrément. Il est convaincu que les pouvoirs publics ne veulent pas de sa formation politique appelée «Front de la renaissance islamique salafiste», mais ne comprend pas pourquoi, en même temps, le ministère de l’Intérieur a accordé son agrément à une formation politique qui relève des Frères musulmans. Il trouve que c’est là une discrimination à l’égard des salafistes. Pourquoi Djaballah et pas nous ? dit-il. Il n’attend pas pour agir à travers la publication de communiqués qui marquent son activité et sa présence dans le champ politique algérien. Il s’en prend aux autres salafistes, «ceux de l’Etat» agréés par le ministère de l’Intérieur mais qui ne font pas de politique. Les vrais salafistes, dit-il, ne sont pas ceux qui mettent le kamis, gardent la barbe et s’occupent uniquement de ce qui passe à l’intérieur de chez eux. Les vrais salafistes, tient-il à souligner, font de la politique. Et sur la lancée, il commente la situation politique du pays, la santé du Président et annonce, dans la foulée, sa candidature aux prochaines élections présidentielles, en déclinant son programme dont la pièce centrale est justement la création de la police islamique qui veillera à la bonne conduite des gens et remettra sur le «droit chemin» ceux qui s’en écartent, selon ses critères. Sur la situation en Egypte, il soutient les Frères musulmans et condamne l’armée égyptienne. Il détruit une illusion en précisant qu’en dehors du parti Nour, aucune autre formation salafiste ne soutient les militaires et qu’au contraire tous les autres salafistes sont du côté des Frères musulmans.
Kamel Moulfi
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