Plainte pour «corruption» contre le directeur d’Algérie Poste
Après la suspension de leur grève illimitée, les travailleurs d’Algérie Poste annoncent avoir déposé une plainte contre le directeur général de cette entreprise publique. Les travailleurs disent avoir saisi le procureur général près la cour d’Alger pour «des faits de mauvaise gestion et de corruption avérés» qui sont, précisent-ils, «aisément vérifiables». Dans leur plainte, les postiers attestent que «le directeur général est impliqué dans plusieurs affaires de corruption qui mettent en péril les finances de l’entreprise et l’exposent à la faillite». Il y va donc, pour ces travailleurs, de la sauvegarde de cette entreprise qui nourrit des milliers de familles. En plus de la mauvaise gestion, les travailleurs accusent le DG d’Algérie Poste d’avoir conclu des marchés et des accords de partenariat contraires à la législation et aux lois de la République. Ils l’accusent également d’avoir offert des cadeaux sans raison valable ni mérite en usant de l’argent de l’entreprise. Dans le même document adressé au procureur, les travailleurs affirment que le DG d’Algérie Poste protège toujours le premier responsable de la mutuelle des postiers qui aurait, selon eux, encaissé de nombreux chèques qui constituent les cotisations des salariés et transférés dans un lieu inconnu. «Le DG, au courant de ces dépassements, n’a rien fait. Au contraire, il continue de le protéger», soulignent-ils dans le texte de la plainte. Il n’y a pas que cela. Les travailleurs font état de la conclusion de contrats douteux entre Algérie Poste et une société étrangère appelée 2M. Selon eux, l’Etat algérien a interdit toute relation de travail avec cette société étrangère. Les faits, précisent-ils, sont consignés dans un dossier élaboré par l’ancien directeur des finances et de la comptabilité, et remis au ministre de la Poste et des TIC. Dans le même dossier, il est rapporté que «le DG retardait à chaque fois le paiement de factures de certains entrepreneurs et entreprises qui ont réalisé des projets pour Algérie Poste, et ce, dans le but de leur permettre de poursuivre en justice Algérie Poste et d’obtenir des dommages et intérêts». Ces retards de paiement ont causé, selon les travailleurs, de nombreuses pertes pour l’entreprise. Des pertes que le directeur aurait pu éviter en étant à jour dans le règlement des factures, estiment-ils. Les travailleurs relèvent également de nombreuses décisions «irréfléchies» qui ont porté préjudice à l’entreprise ainsi que la nomination à des postes de responsabilité de «personnes sans aucun niveau». Cela alors qu’Algérie Poste regorge de compétences. Ils évoquent également le recrutement de personnes sans qualification sur recommandation de «gens influents». Les travailleurs se disent déterminés à défendre leurs intérêts et à œuvrer par tous les moyens légaux à préserver Algérie Poste. Cette plainte intervient après une grève d’une semaine déclenchée par le Syndicat national autonome des postiers (Snap) puis suspendue suite aux engagements formels du ministre de la Poste et des TIC, Moussa Benhamadi, de mettre en application dans sa totalité le protocole d’accord conclu en janvier dernier entre le partenaire social et la direction. Le Snap affirme que la direction d’Algérie Poste a déjà versé 30 000 DA représentant l’effet rétroactif à partir de 2008. A cela s’ajoute l’application de la nouvelle grille des salaires dès octobre prochain et la réinstauration de la prime de rendement annuelle d’une valeur de 30 000 DA. Ce qui constitue une victoire pour le Snap.
Sonia Baker
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