Transport maritime de marchandises : qui complote contre la souveraineté nationale ?
Par le biais du SG du syndicat des marins d’International Bulk Carriers (IBC), Rabah Youtichène, Algeriepatriotique apprend qu'il y a un processus «programmé» de pourrissement pour pousser les pouvoirs publics à la dissolution de la société IBC, filiale de Cnan Group et la vente de ses navires. De droit algérien, IBC a été créée en 2007 et disposait d’un capital social de plus de 18 millions de dollars, résultant de la valeur des navires qui étaient au nombre de huit apportés par Cnan Group à la société IBC. Selon notre interlocuteur, des sommes colossales «ont été allouées» pour la réparation du MV El-Hadjar, l’un des huit navires d’IBC, et son rapatriement au pays. «Malheureusement, regrette M. Youtichène, il est laissé au soin du service de gardiennage au large de la Malaisie.» «30 membres d’équipage ont embarqué à bord du MV El-Hadjar, durant huit mois, travaillant jour et nuit pour remettre le navire en état de navigabilité. L’inspection du bureau Veritas et des assurances P&I Club était concluante, le navire est certifié et jugé en bon état de navigabilité», a encore assuré ce syndicaliste. «Notre bonheur fut de courte durée car, on ne sait pour quelle raison, l’équipage fut rapatrié, laissant le navire au service de gardiennage», a-t-il poursuivi. Des copies de photos du navire en question, en notre possession, indiquent clairement que le MV El-Hadjar a été réparé et est effectivement en état de reprendre la mer. «Les huit MV Blida sont immobilisés au large du port Le Pirée d’Athènes, et de la Malaisie. Certains échos qui nous parviennent disent qu’IBC est sur le point d’être dissoute et les navires vont être mis en vente à notre insu», a révélé M. Youtichène qui estime que le problème dépasse le sort réservé aux navires ainsi qu’aux marins : «C’est de la souveraineté de l’Algérie en matière de transport maritime qui est en jeu», met-il en garde. «En fait, l’Algérie se retrouve dépendante en grande partie des compagnies étrangères», a-t-il expliqué en s’interrogeant : «Comment peut-on expliquer cette logique qui veut que l’on enterre le pavillon national et mette au chômage des compétences formées au prix fort pour confier un secteur aussi névralgique que le transport maritime de marchandises à des étrangers ?» Le syndicat des marins d’IBC invite les pouvoirs publics à provoquer une réflexion de fond sur l’avenir de cette filiale, pour la doter d’un plan ambitieux d’accompagnement et de relance de la croissance économique et s’élève contre ceux dont l’intention est la dissolution de la filiale IBC et la vente de ses navires. Pour rappel, le litige entre Cnan Group et son partenaire CTI Group a commencé lorsque ce dernier avait réclamé 12 millions de dollars qui équivaudraient à la remise en état de trois navires appartenant à IBC. Celle-ci avait alors estimé que ces montants ne correspondaient pas aux standards généralement admis dans la profession. Le litige a été porté devant une juridiction. La filiale IBC s’est trouvée au centre de deux arbitrages judiciaires, en l’occurrence les tribunaux de Londres et de Paris. Bien qu’il ait obtenu gain de cause auprès du tribunal arbitral maritime de Londres, Cnan Group perd son procès devant le tribunal de Paris. La Chambre de commerce international de Paris a statué en faveur de Pharaon Group, un autre partenaire, et contraint IBC-Cnan Group à payer les factures suspectes, objet du contentieux.
Houneïda Acil
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