Pourquoi le Maroc cautionne une intervention internationale en Syrie
Le royaume du Maroc vient de confirmer son alliance stratégique avec les pays membres du Conseil de la coopération du Golfe (CCG), en soutenant avec un zèle qui laisse perplexe leur appel à une intervention internationale urgente en Syrie. Dans un communiqué officiel, le gouvernement islamo-monarchique d’Abdelilah Benkirane reprend, sans discernement, la même rengaine des accusations contre le régime de Bachar Al-Assad sur l’attaque à l’arme chimique commise dans la région syrienne de Ghouta, mais dont aucun rapport officiel n’a encore établi la vérité ni les responsabilités. Il appelle donc «la communauté internationale à œuvrer pour trouver une solution à même de sauver le peuple syrien et lui fournir des aides urgentes». La dynastie alaouite exprime, du coup, une revanche tenace nourrie envers le régime de Damas, depuis la reconnaissance par la Syrie de Hafez Al-Assad du Polisario, et ce, dès le début du conflit. Le père de l’actuel président syrien a même reçu à Damas, en 1987, le secrétaire général du Front Polisario et président de la RASD, Mohamed Abdelaziz. Plus tactique que politique, la position pour le moins excentrique adoptée par le gouvernement marocain sur la crise syrienne, parce que ne reflétant guère la position commune des Etats du Maghreb, ne pouvait être perçue que comme une caution à la campagne initiée par les grandes puissances occidentales auxquelles le Maroc reste soumis. Une position qui confortera, par là même, le conformisme ambiant qui règne toujours au sein de la Ligue des Etats arabes, dont seuls trois pays, l’Algérie, le Liban et l’Irak, se démarquent ouvertement du projet d’attaque visant un pays frère.
R. Mahmoudi
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