Cet argent de l’Algérie qui finance la propagande marocaine
Dans sa livraison consacrée au monde arabe, Le Journal de Mickey publie une carte géographique où le Sahara Occidental figure comme un territoire marocain. Ce magazine français n’a même pas pris le soin de mettre sur sa carte une ligne discontinue pour séparer virtuellement les deux territoires. Il est vrai que la France s’est toujours alignée sur la position marocaine en ce qui concerne la question du Sahara Occidental. Mais pas l’Algérie qui soutient le droit à l’autodétermination des peuples tel qu’énoncé dans la charte onusienne. L’étonnant est donc dans le fait que ce numéro spécial monde arabe du Journal de Mickey a été financé par l’Institut du monde arabe (IMA), lui-même dépendant pour son fonctionnement des contributions de certains pays membres, l’Algérie en tête. Contrairement au Maroc qui n’est d’aucun apport financier à cet institut ouvert en 1987, l’Algérie est l’un de ses principaux bailleurs de fonds. Mieux encore, depuis 2011, l’ex-ambassadeur d’Algérie à Paris, Missoum Sbih, a été élu vice-président de son conseil d’administration. Logiquement, l’Algérie a plus d’influence dans cet institut que le Maroc. Elle a aussi en sa possession de redoutables moyens (financiers) de pression. Comment se fait-il qu’elle s’est laissée faire et a accepté qu’un institut qu’elle finance, et qu’elle dirige en partie, sponsorise et prend en charge à coups de centaines de milliers d’euros des magazines pour enfants qui défendent la thèse selon laquelle le Sahara Occidental est marocain ? A première vue, certains peuvent considérer ce fait comme anodin et sans incidence sur le cours des événements. Ils peuvent même dire que cela n’a pas trop d’importance, car il ne fera pas basculer les rapports de force dans ce conflit de colonisation, la dernière en Afrique. Mais quoi qu’on en dise, cette carte géographique – diffusée par ce magazine pour enfants qui ne semble pas si innocent – a une forte signification politique et symbolique. Au Maroc, on a été très ravis de voir cela et on n’a pas raté cette occasion pour tenter de marquer des coups en affirmant que «tout le monde sait que le Sahara Occidental est bien marocain». S’il s’agissait d’une simple erreur «graphique», notre grand vigile ex-diplomate aurait pu attirer l’attention de l’équipe rédactionnelle de cette revue pour rectifier le tir. Or, rien de cela n’a été fait. Missoum Sbih, dont on dit qu’il est gravement malade, peut-il encore représenter l’Algérie et défendre ses intérêts au sein de cet institut ? Visiblement, non ! A moins que les intérêts de notre pays se situent ailleurs sur ce dossier.
Sonia B.
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