Une guerre sans objectif
Par R. Mahmoudi – C’est peut-être la première fois dans l’histoire contemporaine qu’on assistera à une guerre sans objectif avoué. Les Etats-Unis et leurs alliés ont mené plusieurs campagnes d’agression dans le monde, notamment dans la région du Moyen-Orient, mais à chaque fois le but recherché est connu et explicité à l’avance. Cela a été le cas en Afghanistan, en Irak et en Libye : chasser le pouvoir en place pour permettre à un nouveau pouvoir, vassalisé, de prendre sa place. Mais pour le cas de la Syrie, tout le débat s’est focalisé sur le motif de la guerre, pas sur l’objectif. Avant de décider d’attaquer la Syrie, Barack Obama s’est d’abord assuré le soutien de ses principaux alliés occidentaux et moyen-orientaux, et croit avoir largement convaincu en brandissant le mobile de l’utilisation des armes chimiques pour justifier une attaque militaire contre le régime de Damas. Dans son discours de samedi, Obama s’est contenté de dire qu’il avait décidé des frappes contre des cibles militaires syriennes. Mais ni lui ni aucun autre responsable n’ont été suffisamment clairs sur les objectifs tracés d’une éventuelle frappe : punir, affaiblir ou renverser le régime en place à Damas ? Le président américain n’a pas le courage d’assumer son choix. On comprend pourquoi. Parce que s’il s’agit simplement d’une frappe ciblée et limitée dans le temps et dans l’espace, cela risque d’être sans effet, sinon de raffermir davantage les Syriens et leurs alliés ; et si le but envisagé est de mener une longue offensive, visant à détruire le régime par des frappes massives et méthodiques, Obama ne peut pas prendre le risque d’une guerre coûteuse, qui rappellerait l’expérience calamiteuse de la guerre d’Irak. D’où ces atermoiements qui cachent mal un sentiment d’impuissance.
R. M.
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