D’anciens hauts fonctionnaires de l’ONU dénoncent l’illégitimité d’une attaque contre la Syrie
Six anciens hauts fonctionnaires des Nations unies ont signé un appel intitulé «Plaidoirie pour la paix en Syrie», dont une copie nous a été remise. L’appel, destiné à une large diffusion en vue de peser dans le débat actuel sur les menaces d’attaque sans mandat légal contre un pays souverain, est signé par les ex-secrétaires généraux adjoints Hans-Christof Von Sponeck et Denis J. Halliday, Saïd Zulficar, Samir Radwan, Samir Basta et Miguel d´Escoto Brockmann, président de l’Assemblée générale des Nations unies en 2008-2009. Ces anciens hauts fonctionnaires préviennent contre «les bruits de bottes qui se font entendre une nouvelle fois au Moyen-Orient, avec la possibilité d’une attaque imminente sur la Syrie, suite aux allégations d’usage d’armes chimiques par son gouvernement». Se faisant le relais de voix hostiles aux arguments avancés par Washington et ses alliés atlantistes et moyen-orientaux, ils affirment : «Tout d’abord, nous n’avons pas de véritables preuves de l’usage des armes chimiques par le gouvernement syrien. Et même si des preuves étaient fournies par des gouvernements occidentaux, il y a lieu de rester sceptiques, en se souvenant de tous les prétextes discutables ou fabriqués utilisés pour justifier les guerres antérieures, l’incident du Golfe du Tonkin et la guerre du Vietnam, les couveuses koweïtiennes et la première guerre du Golfe, le massacre de Racak et la guerre du Kosovo, les armes de destruction massive irakiennes et la seconde guerre du Golfe, les menaces sur Benghazi et la guerre de Libye», rappellent-ils. A ce propos, les anciens hauts cadres onusiens révèlent que les preuves de l’usage d’armes chimiques sont fournies aux Etats-Unis par les services des renseignements israéliens, «qui, notent-ils, ne sont pas une source tout à fait neutre». Pour en venir ensuite à l’illégitimité de toute action envisagée, à supposer même que les preuves soient authentiques, en expliquant que «toute action militaire nécessite l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU». Ils s’offusquent du fait que la «communauté internationale», soit réduite à deux pays : les Etats-Unis et la France. Dans leur plaidoirie-réquisitoire, les signataires, parmi lesquels figurent deux ancien secrétaires généraux adjoints de l’ONU, ne se gênent pas de railler la politique occidentale : «L’Occident n’a pas réellement d’allié fiable en Syrie, assènent-ils. Les djihadistes qui combattent le gouvernement n’ont pas plus d’amour pour l’Occident que ceux qui ont assassiné l’ambassadeur américain en Libye. C’est une chose d’accepter de l’argent et des armes venant d’un pays donné, une toute autre d’être son véritable allié.» Ils plaident enfin pour le droit des peuples occidentaux à avoir une opinion libre et à s’affranchir de la manipulation.
R. Mahmoudi
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