La mise au point de Bachar Al-Assad à François Hollande
L’art de la politique est chez Bachar Al-Assad, et la clé pour comprendre ce qui se passe au Moyen-Orient est à chercher dans ses discours, pas dans les propos gratuitement belliqueux du président français, Hollande. Le président syrien vient d’en donner la preuve dans l'interview qu’il a accordée au quotidien français Le Figaro. Les analystes français ont beau vouloir travestir grossièrement les propos d'Al-Assad en parlant de «menace» syrienne contre la France, les faits sont évidents aux yeux de tous : c'est la France qui menace de frapper la Syrie (sans qu'elle en ait les moyens d'ailleurs) et non pas l'inverse. Au besoin, pour savoir où est la vérité, l’interview d’Al-Assad peut être consultée directement dans Le Figaro. Elle contient non pas une menace, mais un appel au bon sens. Al-Assad fait la leçon à Hollande pour lui apprendre, par exemple, que «la Russie ne défend pas la Syrie, mais la stabilité de la région». Hollande, lâché de partout dans cette affaire, au point où il se retrouve seul à battre le tambour, comprendra-t-il le message ? Il signifie que Moscou ne reculera devant rien pour repousser toute attaque occidentale contre la Syrie. Les mises en garde de la Russie le confirment. Or, et Al-Assad le rappelle à Hollande, le Moyen-Orient est un baril de poudre. Il serait irresponsable d’y approcher le feu. Toute la région s’embrasera, avertit Al-Assad auquel Le Figaro, organe de presse de droite, hostile aux socialistes, a accordé opportunément la parole alors que l’affaire syrienne s’apprête à être au centre d’un débat parlementaire, mais surtout aussi en pleine mobilisation antiguerre en France, aux Etats-Unis et dans d’autres pays occidentaux. En se prononçant, à travers les sondages, majoritairement contre l’intention de Hollande de se joindre à une frappe américaine contre la Syrie, la population française fait preuve d’une grande intelligence en même temps qu’elle fait savoir aux Syriens qu’elle n’a aucune raison de leur faire la guerre. Ce n’est pas dans l’intérêt de la France, ce que Hollande et ses amis socialistes n’arrivent pas à saisir. Ils maintiennent leurs discours incohérents qui ne résistent pas à la logique que leur oppose Bachar Al-Assad qui n’a pas besoin d’insister sur l’absurdité des accusations portées contre son armée : utiliser des armes chimiques contre son peuple sur son propre terrain. Mais le président syrien sait que la population française ne croit pas à ces accusations et il le montre en prenant la précaution de faire la différence entre le peuple français, qui n’est pas un ennemi, dit-il et le personnel aux commandes de l’Etat, qui lui est hostile au peuple syrien. Et encore, Bachar Al-Assad garde l’espoir que l’Etat français change de politique.
Kamel Moulfi
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