Michel Collon : «L’année prochaine, après la Syrie, ce pourrait être l’Algérie, l’Iran ou le Venezuela»
«L'année prochaine, vous m'inviterez peut-être pour discuter sur l'Iran, l'Algérie ou le Venezuela ou le Congo ou l’Erythrée ou le Zimbabwe… et ça va être chaque fois la même comédie avec les mêmes arguments.» Le journaliste belge Michel Collon a, une nouvelle fois, mis à nu les véritables intentions du couple Obama-Hollande et de leurs seconds Kerry-Fabius dans le projet de guerre contre la Syrie. C’était vendredi soir, sur France 2, dans l’émission «Ce soir ou jamais», consacrée au thème «Intervenir ou pas en Syrie : le dilemme !» Michel Collon a vite fait de résumer le décor en une phrase : «Il n’y a pas de guerre vraiment humanitaire, il y a toujours des intérêts pour le fric, des intérêts pour les matières premières, il est temps encore qu’on se dise si on veut une humanité solidaire et mettre fin aux guerres, il faut voir qui provoque ces guerres.» L’argument occidental selon lequel la guerre permettra l’instauration de la démocratie en Syrie s’effrite entre les doigts de Michel Collon : «C’est une farce, dit-il. Vous êtes en train de construire une démocratie en Syrie avec l’aide d’Israël qui massacre les Palestiniens et qui leur nie toute démocratie, avec l’Arabie Saoudite qui est un des régimes les plus féodaux et les plus répressifs de la planète, avec le Qatar dans lequel si on écrit un poème sur la démocratie, on risque la prison à perpétuité.» Dans tous les cas, il estime qu’«on n’a pas le droit de faire le bonheur des Syriens contre leur volonté», en rappelant que selon un rapport de l’Otan, 75% des Syriens sont avec Bachar Al-Assad. «La question, assène-t-il, c’est le gaz en dessous de la Méditerranée et le projet de gazoduc destiné à approvisionner à partir du Qatar et la Syrie est dans le chemin.» En faisant référence à ce qui s’est passé en Irak, en Yougoslavie ou en Libye, il s’insurge contre le fait d’«appeler à bombarder les gens en niant et en déformant les faits» et, pis, en s’appuyant sur les rapports des services de renseignements auxquels les dirigeants occidentaux peuvent faire dire ce qu’ils veulent. «Ce n’est pas possible !» lance, en conclusion, Michel Collon dont le point de vue est très écouté en sa qualité de chercheur honnête, indépendant et surtout compétent pour tout ce qui touche aux questions de la guerre. Son dernier livre, co-rédigé avec Grégoire Lalieu et publié en décembre 2011, La Stratégie du chaos, impérialisme et islam – entretiens avec Mohamed Hassan, a démonté, pièce par pièce, la nouvelle stratégie mondiale des Etats-Unis pour le contrôle des richesses et des régions stratégiques du monde musulman (Méditerranée, Moyen-Orient, Corne de l’Afrique, Asie du Sud) en liaison avec la crise économique mondiale.
Kamel Moulfi
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