Le ministre de la Communication : «Je ne sers à rien !»
Dans une réponse à une question écrite adressée par un député au ministre de la Communication et dévoilée par le quotidien arabophone El Khabar, Mohamed Saïd a usé de toutes les formules possibles et imaginables pour se laver les mains de la situation anarchique qui règne dans la presse. «Le contrôle des financements des journaux ne relève pas de mes prérogatives», s’est défendu Mohamed Saïd dans sa réponse écrite au député Mohamed-Seghir Hamani, du Front pour la justice et le développement, qui exhortait le premier responsable du secteur à ouvrir une enquête, vraisemblablement suite à l’article d’Algeriepatriotique sur le détournement de l’argent de la publicité au profit de certains titres. «C’est aux services relevant du ministère de la Justice qu’il appartient d’enquêter sur la base d’une plainte qui devra être déposée auprès d’eux», s’est encore dédouané le ministre de la Communication, s’adonnant ainsi au très confortable exercice qui consiste à toujours rejeter la responsabilité sur l’autre. Mohamed Saïd s’est «barricadé» derrière les textes qui régissent l’information, reportant sine die toute intervention dans ce secteur soumis à la loi de la jungle et abandonné aux prédateurs – les uns profitant de la rente née du monopole sur la publicité institutionnelle, les autres sur l'abus de position dominante – sans que le gouvernement qu’il représente puisse agir pour y mettre de l’ordre. Usant de la langue de bois, le ministre de la Communication fait patienter le député qui l’a interrogé jusqu’à la mise en place d’une autorité de régulation qui, promet-il, «assurera la transparence et empêchera la concentration des pouvoirs financier, politique et idéologique entre les mains du seul propriétaire». Mohamed Saïd ne dit pas quand cette institution verra le jour, mais avoue implicitement qu’il est courant que de telles pratiques soient légion et qu’il est entièrement désarmé face aux potentats de la presse-business. La réponse de Mohamed Saïd confirme l’obsolescence totale du ministère de la Communication et la nécessité de sa dissolution et de son remplacement par une institution indépendante dotée de prérogatives suffisamment larges pour lui permettre de corriger les nombreuses tares d’une corporation à l’agonie.
M. Aït Amara
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