La visite de Béji Caïd Essebsi et de Rached Ghannouchi à Alger inquiète les Tunisiens
La visite en Algérie de l’ancien Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi et de Rached Ghannouchi, leader du mouvement Ennahdha au pouvoir, suscite des inquiétudes au sein de la classe politique et intellectuelle tunisienne. Cette dernière craint une forme d’ingérence de l’Algérie dans les affaires internes de la Tunisie qui connaît une impasse politique depuis plusieurs mois. Elle y voit aussi un aveu d’échec des dirigeants tunisiens, incapables de régler leurs problèmes à l’intérieur de la Tunisie. La classe politique et les intellectuels – qui restent mobilisés pour préserver l’esprit de la «révolution du Jasmin» qui a fait tomber l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali – ne cachent non plus pas leur crainte d’une internationalisation de la crise tunisienne. Cependant, des sources tunisiennes relativisent en rappelant la doctrine immuable de l’Algérie qui n’interfère jamais dans les affaires internes des autres pays. Pour ces mêmes sources, cette double visite répond à un intérêt commun entre les deux pays : celui de sécuriser les frontières et d’aider la Tunisie à assurer une stabilité politique, économique et sociale. A noter que les deux responsables tunisiens ont été reçus séparément et qu’ils ne se sont pas rencontrés à Alger. Béji Caïd Essebsi, président de Nidaa Tounès, a d’ailleurs tenu à le préciser dans une interview accordée au journal Assarih, aujourd’hui, affirmant qu’ils se sont uniquement rencontrés à Paris. Il a ajouté que Bouteflika s’est gardé de prendre position concernant les affaires du pays et les partis politiques. D’après lui, il s’est contenté de donner quelques conseils et de souhaiter un règlement rapide de la crise. Cette visite intervient plus d’un mois après les attaques de certains membres du mouvement islamiste d’Ennahda contre l’Algérie. Certains d’entre eux ont même voulu porter le chapeau à l’Algérie dans les attentats terroristes perpétrés sur le sol tunisien, avant que des responsables dans le gouvernement tunisien ne s’élèvent contre ces «allégations» et «accusations gratuites» contre l’Algérie. Même Ghannouchi avait appelé son parti à ne pas attaquer «l’Algérie sœur».
Sonia B.
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