Le pouvoir de la finance, l’esclavage de l’argent

Des analystes tentent de nous convaincre que notre pays souffre de quelques syndromes : l’affaire Khalifa, Orascom, Saipem et dernièrement celle de Sonatrach. Dans lesquelles, paraît-il, sont impliqués des militaires et des gouvernants. Ces trois syndromes sont les conséquences d’une économie rentière. Ils pourraient être assimilés à ce qu’on appelle le syndrome hollandais. Le syndrome hollandais (Dutch disease en anglais) est un phénomène économique qui relie l’exploitation des ressources naturelles et le déclin de l’industrie manufacturière locale. Inspiré du cas des Pays-Bas des années 1960, le terme syndrome hollandais est utilisé par extension pour désigner les conséquences nuisibles provoquées par une augmentation importante des exportations des ressources naturelles au détriment de la production manufacturière. La situation des Pays-Bas n’est pas comparable à celle de l’Algérie, pays colonisé, qui démarrait en 1962 sans rien et qui 50 ans après se retrouve piégé par une dépendance rentière à 95%. Et à 95% de dépendance, on peut imaginer notre esclavage vis-à-vis de l’argent (la rente) et la perte des notions de liberté et d’identité. Nous pesons peu puisque nous sommes dépendants ! Y a qu’à voir les étals des supérettes où presque tout nous vient d’ailleurs. Sans rien produire, les importateurs «carnivores financiers» feront tout pour que notre faible production stagne et le chômage perdure, ce qui ferait allonger les chaînes devant les consulats pour l’obtention de visas. Et ces nouveaux barons ne lâcheront rien, car ils sont en réseau, confortés par leurs relations en plus d’être initiés. De mon point de vue, il est inutile de procéder à des analyses économiques poussées pour définir ce qu'est une économie rentière. Il suffit d'ouvrir les yeux et les oreilles et quelques fois se boucher le nez pour voir l’environnement dans lequel on vit, le doute qui nous inhibe en plus de l’indiscipline et le désordre. Le principe de la démocratie n’est pas de s’opposer, mais de proposer et d’agir. Ce sont des innovations qui créent la richesse et si on n’est pas capable de produire des produits industriels et de service on sera toujours dépendants. Ce que tente d’expliquer «Nabni» et certains courants isolés. Mais, hélas !, pour qu’un plat réussisse, il faut être dans la cuisine, les circuits de l’Etat ! Etant donné la défection des partis politiques et le désintérêt du peuple pour la politique et pour la construction du pays – ce qui conforte un système politique immuable – je me demande depuis le temps que l’on traite de l’économie algérienne s’il faut encore en parler. Peut-être en parler dans un cadre académique et dans le court débat que nous menons. Pour nous rencontrer, nous rafraîchir, nous mettre à jour tout en nous remontant le moral dans un certain confort intellectuel. Que de séminaires, de rencontres, de panels, dans tous les domaines, ont été initiés par des groupes de bonne volonté sans que les recommandations aient été retenues et mises en œuvre. Par ailleurs, je ne pense pas que l'Algérie creuse un puits sans fin comme on le prétend ou qu’elle s'enfonce dans les sables mouvants, car depuis le temps qu'on le dit on n'y verrait plus «les têtes». Les sables mouvants seraient donc de peu de profondeur à moins que l'Algérie s'en sorte par flottaison, ce qui serait un exploit comme sa monnaie qui flotte. Le pays a toujours eu des bouées de sauvetage : la Banque centrale, le commerce informel et la baraka ! Que faut-il faire ? Certains «patriotes» de partis politiques nous disent ce qu’il faut faire et dénoncent ce qui ne va pas. Sans agir. C’est pathétique ! On aurait aimé lire leurs journaux, leurs bulletins, leurs études techniques et voir pousser les arbres qu’ils auraient plantés. Il est plus difficile et utopique de mener le combat contre les patriotes de la parole et de la salive que de relever les manches. Aujourd’hui, il ne s’agit pas d’être un bon patriote, il suffit d’être un bon citoyen et donner l’exemple. L’Algérie a changé, ce n’est plus ce pays modeste et sage des années 60/70, mais un pays qui a subi trop de traumatismes. Il ne faut donc pas la regarder avec des yeux désobligeants. Elle est ce que nous sommes. Il n’y a rien à attendre avant deux générations, nous vivons une époque dont l’audace consiste à vieillir, car c’est dans l’enfance que notre monde rêvé s’est accompli. Enfin, ce qui ferait disparaître la rente, c'est la chute d'un énorme astéroïde sur le Sahara qui ferait enflammer pétrole et gaz. C'est le sujet de mon roman Les amours d'un journaliste (2013). Ci-dessous, un résumé pour ceux qui ont le temps de lire et continuons à débattre en attendons la chute de l'astéroïde. Qui surviendra, probablement : une intervention américaine n’est pas à exclure, par quelque moyen que ce soit. Et Chakib Khelil l’a tenté de l’intérieur !
Abderrahmane Zakad, urbaniste et romancier
Pour ceux que cela intéresse !
Les amours d’un journaliste
L’Algérie est un paradoxe. Grand comme un continent, riche de ses hommes, de ses hydrocarbures et de son agriculture, le pays n’a jamais pu sortir du sous-développement alors qu’il aurait pu être le dragon de l’Afrique. Ses dirigeants se démènent pour consolider une nation tant de fois conquise. Cinquante ans après l’indépendance, ils se rendent compte, enfin, que les élites ont été mises de côté et que la jeunesse, dynamique et entreprenante, n’a jamais été associée aux décisions. Et si le pétrole disparaissait ?
C’est ce qu’imagine l’auteur en faisant chuter un astéroïde sur le Sahara.

«Nous sommes en 2022. Une météorite de 800 m de diamètre tombe sur le Sahara et le désintègre. Tout le pétrole et le gaz brûlent. Pendant un mois, il a fait nuit noire dans tout le pays couvert par les fumées, les poussières et les scories. Peu à peu, l’Algérie perd ses richesses, la rente et le moral. La population des villes a fui vers la campagne. On ne sait plus cultiver la terre et les pratiques ancestrales ont été oubliées. La faim sévit, la pauvreté s’affiche et devant la misère les spéculateurs poussent et s’ingénient.
Certains s’enrichissaient dans l’agriculture après avoir fait revenir les colons. Le caïdat se réinstalle et les marabouts réapparaissent. Sans pétrole et sans gaz, les véhicules ne circulent plus, en plus des pièces de rechange qu’on ne trouve plus sur le marché faute d’argent pour l’importation. C’est donc les carrioles, les chameaux et les ânes qui livrent les marchandises et les produits agricoles. Les quartiers d’Alger regorgent de vaches et de chèvres dans des étables construites près des lieux publics pour améliorer l’alimentation par le lait et le fromage. Seule la sardine reste maîtresse de l’alimentation et on s’était lancé dans la fabrication de barques pour aller la pêcher. De Kabylie, un commerce florissant s’est développé et on voit des ânes avançant en longue file sur les autoroutes pour livrer les olives et les figues. Les industriels, étrangers et algériens, ont quitté le pays. Seul Hamoud Boualem continue à produire sa gazouze. L’Algérie a reculé vers le XIVe siècle et Alger est redevenue une ville de 200 000 habitants.
En quelques années, la faillite est déclarée, la Banque centrale ferme ses portes. Le salaire des fonctionnaires est assuré par le Sénégal dont l’épouse du président est algérienne, l’électricité est fournie par la Tunisie et la Libye refuse de nous aider. Le Niger et le Tchad nous aident avec des envois de manioc et de cacahuètes. C’est l’occasion pour le Maroc d’occuper Tindouf et Béchar. La France ne veut pas se mêler de ce qui arrive à l’Algérie, mais elle agit en douce pour que ça s’aggrave. Les Algériens en France demandent tous la nationalité française. C’est une aubaine pour les Pieds-Noirs encore en vie. Avec leurs enfants, ils reviennent au pays et demandent à récupérer leurs biens. La justice les leur restitue. Benjamin Stora et le fils d’Enrico Macias s’installent à Constantine et retrouvent les amis d’antan. Les anciens juifs de la rue de Chartre et de la rue Bab Azzoun rachètent leurs magasins. A Alger et dans les grandes villes tout est vendu : Bernard-Henry Lévy achète tous les théâtres et les cinémas avec l’argent du Qatar pour installer des cyber-activistes, la Bibliothèque nationale est achetée par Tati, le Palais du peuple vendu aux Chinois et le port aux Japonais pour la pêche au thon. L’ENTV n’existe plus, c’est El Jazeera qui nous prête gracieusement deux heures d’émission par jour animée par Biyouna, devenue qatarie, qui essaie de nous remonter le moral.
Un jeune journaliste et une jeune avocate se rencontrent. Ils font connaissance, s’apprécient, s’amourachent et deviennent amis. Au cours de leurs discussions et suite à la lecture de vieux journaux, ils découvrent que du temps d’un président oublié qui s’appelait Boumediene, l’Algérie était un pays en construction, riche et respecté. Ils décident alors de mener des enquêtes pour savoir pourquoi le pays est devenu si pauvre. En fouillant dans les archives, en questionnant quelques intellectuels qui n’ont pas fui, ils déterrent les vieilles affaires et cherchent à comprendre les raisons qui avaient empêché le pays de se développer. L’Algérie s’en sortira-t-elle ? La réponse est dans le livre.»
 

Comment (3)

    AnonymeKELAM
    15 septembre 2013 - 13 h 38 min

    mauvaise histoire mais le
    mauvaise histoire mais le cauchemar continue avec un astéroïde sur notre tête c’est le sionisme et le gros capitalisme mondial qui veut notre peau.

    Mohamed el Maadi
    14 septembre 2013 - 19 h 58 min

    On va s’en sortir comme
    On va s’en sortir comme toujours, ne soyons pas pessimiste et goutons à la vie qui s’offre à nous .On peut mourir ce soir ou demain et l’Algérie elle vivra dans le cœur des Algériens vivant. Il faut positiver et croire en nos chances, il le faut pour le bien de ce pays !

    Abou Stroff
    14 septembre 2013 - 12 h 57 min

    l’auteur nous parle, dans son
    l’auteur nous parle, dans son livre, de l’algérie en 2022 et ne répond pas à la seule question qui intéresse l’algérien lambda que je suis: notre bienaimé fakhamatouhou national ou si kouider el mali ou si el aziz le sublime sera t il président de l’algérie en 2022? un réponse négative signifierait, de fait, qu’à cette date, c’est à dire en 2022, l’algérie aura disparu de la carte. en effet, chacun sait, et notre bienaimé fakhamatouhou national semble avoir déjà pris les dispositions qui s’imposent (en réduisant à zéro la puissance de mister T), que, sans notre fakhamatouhou national, nous serions totalement orphelins et perdus à jamais (nous savons et fakhamatouhou le sait que sans fakhamatouhou au poste de commande, il n’y a point d’espoir). si, au contraire, une réponse positive suit la question posée, alors, 2022 ne sera qu’une nouvelle année d’exubérance succédant à 22 années d’exubérance et précédent au moins une centaine d’années d’exubérance. en effet, notre bienaimé fakhamatouhou avec son intelligence remarquable, sa probité légendaire et son droiture mémorable fera en sorte que l’algérie continuera à être un élément actif dans le concert (le cancer?) des nations. d’ailleurs, il suffit d’analyser la situation de l’algérie et des algériens depuis 1999 pour remarquer que l’algérie est écoutée par tous les grands de ce monde (y compris par le président du Lesotho et par le premier ministre des Iles Caïmans) et que les algériens se sentent tellement bien dans leur peau qu’ils passent leur précieux temps à râler contre tout ce qui bouge ou qui ne bouge pas. moralité de l’histoire: le syndrome hollandais (l’hypertrophie du secteur des hydrocarbures ,la désindustrialisation et l’hypertrophie du secteur des services)ne peut point vaincre l’intelligence de notre bienaimé fakhamatouhou national. tant que ce dernier est vivant (et nous souhaitons que grâce à dieu, il le reste jusqu’à ce que mort s’en suive) l’algérie se portera comme un charme et les algériens continueront à bomber le torse (répondant ainsi à l’ordre de notre bienaimé fakhamatouhou national: arfa3 rasek a ba).
    PS: enfin, concernant cette histoire d’amour entre un journaliste et une avocate, la structure du DRS de mister T qui vient d’être rattachée, par fakhamatouhou, à l’état-major de gaïd salah, saura mener l’enquête et prouvera que ces deux tourtereaux auront commis un acte « haramesque » contraire à la morale ambiante.

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