Coup de force du clan présidentiel ou manœuvre des services, peu importe !
Les récents «changements» opérés au sein du gouvernement et de l'armée, au-delà du népotisme et du régionalisme, ne militent en aucune façon pour une démilitarisation du système algérien. Tout juste s'agit-il de donner, de nouveau, comme en 1999, l'illusion d'un retrait de l'armée de la vie politique et la consécration du primat du «civil sur le militaire» alors que la réalité de l'exercice du pouvoir échappe toujours aux institutions et que le processus décisionnel est aux mains d'une poignée d'individus hors de contrôle. L'agitation qui s'est emparée du microcosme politico-médiatique algérois tend précisément à laisser croire que tout bouge alors qu'en définitive rien ne change. A la veille d'une succession qui ne dérogera pas à la logique de cooptation, il est surtout question de masquer le bilan désastreux des années Bouteflika en auréolant ce dernier d'un haut fait d'armes : celui d'avoir «mis au pas» le DRS ! Fumisterie ! Car sans un processus de transition qui garantit un transfert progressif du pouvoir vers le civil, sans le rétablissement des libertés fondamentales et le respect des droits fondamentaux du peuple algérien, l'armée restera la principale source du pouvoir, et l'enjeu principal de l'affrontement entre clans. Une situation dangereuse qui expose un peu plus l'une des principales institutions du pays à des divisions au moment où le pays est confronté à des périls qui menacent son intégrité et son unité. Les acteurs politiques, syndicaux ou associatifs autonomes vis-à-vis des clans, de tous les clans, et des officines étrangères ne doivent pas se laisser distraire, abuser et détourner de l'objectif fondamental de construction d'une alternative nationale démocratique qui restituera l'Etat à la nation.
Samir Bouakouir
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