L’ancien ministre Abdelaziz Rahabi révèle : «Il n’y aura pas d’élection présidentielle en 2014»
L’ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, s’est déclaré, aujourd’hui lundi, convaincu qu’il n’y aura pas d’élection présidentielle en 2014 comme prévu par le calendrier politique du pays, pour la simple raison que le plan présidentiel sait pertinemment que l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika ne lui permet pas de mener une campagne électorale. D’après lui, c’est cette hypothèse qui a amené l’entourage du président Bouteflika à échafauder d’autres scénarii qui lui assureront «une impunité pour au moins deux années» à travers la réintroduction du septennat qui se fera par le biais d’une révision prochaine de la Constitution. «En l’état actuel des choses, j’exclus toute intention du Président d’organiser des élections présidentielles en 2014. Bouteflika ne peut pas faire campagne et ça m’étonne qu’il puisse confier cela au Premier ministre ou à une alliance présidentielle qui va d’ailleurs rapidement se mettre en place, mais pour une autre mission : la révision de la Constitution via le Parlement», assure l’ancien ambassadeur, invité du jour du forum du quotidien Liberté.
Autrement dit, le clan présidentiel semble définitivement acquis à l’idée qu’une prolongation du mandat présidentiel reste la formule la moins coûteuse et la moins risquée pour lui. Interrogé sur les intentions de Bouteflika de briguer un 4e mandat, M. Rahabi relève que tous les présidents algériens depuis l’indépendance ont été tentés par une présidence à vie à l’exception de Liamine Zeroual. Selon l’invité de Liberté, c’est en 2008, avec la révision de la Constitution qui avait fait sauter le verrou de la limitation des mandats, que Bouteflika avait préparé le terrain à cette présidence à vie et non depuis quelque temps comme sont tentés de le croire certains. «Les modalités techniques d’une opération éminemment politique ont été introduites en 2008 avec le changement constitutionnel», indique-t-il, assurant que l’Algérie est à ce propos à contre-courant de ce qui se passe y compris dans le monde arabe. «L’Algérie est devenue le seul pays dans la région avec une présidence à vie», affirme-t-il. Pourquoi une prolongation du mandat présidentiel ? «Cela assurera l’impunité au clan présidentiel au moins pour les deux prochaines années. Les poursuites dans le cadre de la lutte contre la corruption contre l’entourage du président cesseront et les enquêtes engagées seront bloquées», répond M. Rahabi. Il note que le clan présidentiel ne lésine pas sur les moyens en usant de la rente et en jouant sur le sentiment de résilience des Algériens échaudés par les années de terrorisme.
Interrogé sur une éventuelle candidature du frère du président, Saïd en l’occurrence, M. Rahabi qualifie de «fantaisiste» cette hypothèse. «Pourquoi postulerait-il au pouvoir. Il l’a déjà entre ses mains», répond-il. Et les mesures prises contre les services du DRS ? «Le clan présidentiel avait interprété l’implication de l’armée dans la lutte contre la corruption comme un signal qui lui était destiné, alors qu’en réalité l’armée ne s’est impliquée dans ce combat que lorsque le niveau de corruption commençait à devenir une menace pour la sécurité du pays. Et le rôle constitutionnel de l’armée est justement de protéger le pays contre toute menace», analyse M. Rahabi. Il estime que ces décisions projettent de nouveau l’armée dans le débat politique et tendent à faire passer le message qu’il n’y a pas de cohésion dans ce corps, comme cela avait été le cas en 2004.
Amine Sadek
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