Ces ministres qui ne reconnaissent pas l’autorité de Sellal
Abdelmalek Sellal n’est pas mieux servi par la nouvelle composante de [son] gouvernement. Le remaniement effectué n’a pas tenu toutes ses promesses. Il n’a pas été fait dans l’esprit voulu par cet énarque, à savoir celui d’imprimer un nouvel élan à l’action d’un Exécutif sclérosé par la maladie du président de la République et miné par des guéguerres internes. Ainsi, le Premier ministre est toujours confronté à ces ministres dits «indisciplinés» ou tout simplement «ingérables» qui allaient jusqu’à refuser, subtilement bien entendu, d’appliquer ses instructions. A leur tête, Tayeb Louh qui hérite plutôt d’un département de souveraineté, la Justice, lui qui était ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Tayeb Louh jouait en solo depuis la nomination de Sellal en septembre 2012 et rien ne dit qu’il fera équipe avec le Premier ministre sous sa nouvelle casquette. Idem pour Amar Ghoul, affecté aux Transports, un secteur non moins important en projets que celui des Travaux publics, d’Abdelatif Baba Ahmed, ministre de l’Education et de Mustapha Benbada, ministre du Commerce. S’ils sont toujours au gouvernement, malgré leurs rapports tendus avec le Premier ministre, ce n’est absolument pas pour leurs compétences avérées ou leurs grandes qualités managériales, mais grâce à leur allégeance à un membre de l’entourage du Président auquel, affirme une source bien informée, ils rendent «systématiquement des comptes comme s’il s’agissait d’un chef de gouvernement». Autrement dit, ces ministres ne s’inscrivent pas dans l’orthodoxie gouvernementale parce qu’ils disposent d’un «appui» de taille face auquel Sellal est désarmé. Le Premier ministre, qui s’efforçait de combler le vide sidéral laissé par un chef d’Etat éloigné des affaires en raison de ses graves problèmes de santé, n’a pas pu, pour ces mêmes raisons, asseoir son autorité et mettre sous son giron ces ministres qui se voyaient – à tort ou à raison – comme «indispensables» au sein de cet Exécutif. C’est ainsi qu’il aurait demandé au Président – avant son accident vasculaire cérébral – d’apporter des arrangements à l’orchestre pour qu’il puisse jouer à son aise la «symphonie présidentielle» qu’il connaît par cœur pour avoir servi deux fois, en 2004 et en 2009, de directeur de campagne de Bouteflika. Un vœu pieux, puisque non seulement ces ministres ont été maintenus, mais ils ont vu leur camp renforcé par, notamment, le retour au sein de l’Exécutif de Tayeb Belaïz pour s’occuper de l’Intérieur et l’arrivée de nouveaux «promus», dont trois walis connus pour être proches de l’entourage du chef de l’Etat. Il faut dire qu’Abdelmalek Sellal n’a pas été mis dans la posture du chef qui contrôle son gouvernement ou, tout au moins, qui coordonne son action. Ce n’est apparemment pas l’objectif de sa nomination. Son prédécesseur Ahmed Ouyahia, bien que plus «résistant», n’avait pas réussi à mettre un terme aux «interférences» de l’entourage du président de la République dans les affaires du gouvernement. Des interférences devenues, au fil du temps, de plus en plus fortes et flagrantes et dont Sellal semble pourtant s’accommoder.
Sonia B.
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