On joue au poker
Par Karim Bouali – L’opacité extrême de l’activité politique en Algérie a, encore une fois, produit ses ravages sur l’opinion publique et jusqu’aux observateurs censés être avertis y compris des scénarios qui se déroulent en coulisses. Tous se retrouvent complètement désorientés et incapables de donner une lecture plus ou moins cohérente des derniers changements opérés par Bouteflika, dans le gouvernement et dans les services de renseignement. Le brouillard a été épaissi par la confusion entretenue sur les tenants et aboutissants de ces changements, suivis tout naturellement de rumeurs persistantes sur le limogeage d'Untel et la désignation probable ou certaine de tel autre à la tête de telle ou telle institution. Tout cela fait partie du jeu politique initié par Bouteflika. Le respect dû au citoyen recommande pourtant que ce dernier soit mis au courant des raisons qui concourent au choix de telle ou telle personnalité à un poste donné, des raisons de ces changements et du choix de la date pour ce faire, etc. Mais jamais le peuple n'a été informé depuis l’indépendance. Il subit et, navigant à vue, se perd dans des conjectures à n’en plus finir jusqu’au prochain remaniement. Alors, oubliant le premier, il se met à se poser des questions sur le suivant et ainsi de suite. Une sorte de pratique sadique des décideurs qui jouissent à la vue du peuple se triturer les méninges pour comprendre ce qui se fait en haut lieu et ce que les «décideurs» ont derrière la tête, comme dans un jeu de cartes. A quelques mois des élections présidentielles, personne, en dehors du cercle restreint des hommes au pouvoir, ne sait, à ce jour, dans quel sens va aller la vie politique. Certaines personnalités de l’opposition jouent aux cartomanciennes et pensent avoir trouvé, mais leurs calculs utilisent des règles dépassées et se révèlent faux à l’épreuve des faits. Les ministres nouvellement nommés, eux-mêmes, montrent une surprenante ignorance des enjeux qui leur ont permis d’être à ce poste. Alors le peuple…
K. B.
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