Le Chinois et nos bouffons
Par M. Aït Amara – Tang Zhen avait-il prédit ce qu’il allait advenir de la très lointaine Algérie quatre siècles plus tard ? Ou sont-ce nos gouvernants qui se sont inspirés de la philosophie de cet écrivain visionnaire chinois du XVIIe siècle, qui a décrit les façons de ruiner une nation ? Cinq, au moins, de ces travers de la gouvernance ont été recensés par Tang Zhen. Et les cinq concordent parfaitement avec la réalité algérienne d’aujourd’hui. La première est d'avoir des lois qui ne sont pas réellement appliquées ; la deuxième consiste à récompenser et punir de façon injuste ; la troisième à manquer de discernement dans les nominations et destitutions de fonctionnaires ; la quatrième à honorer ceux dont l'entourage immédiat du souverain fait l'éloge et à discréditer ceux dont la population est satisfaite ; la cinquième résulte de ce que les fonctionnaires ignorent la misère du peuple ou de ce que, la connaissant, ils ne font rien pour y remédier. Dans l’Algérie de 2013, la loi est au-dessous de tous, écrasée, méprisée ; les corrompus nous narguent en imitant le geste grossier de Gérard Longuet à notre adresse, lui l’ancien colonisateur, eux les nouveaux conquérants ; les médiocres sont récipiendaires du doctorat honoris causa pour avoir posé leur marque dans le mimétisme servile et la soumission complaisante, et les meilleurs recalés pour avoir échoué à l’examen de pitrerie ; les convives du roi, admis au château fort une fois leur diplôme de bouffon en main, sont éloignés de la rue et isolés de la plèbe, réunis dans le donjon pour faire rire celui d’en haut et rire de ceux d’en bas.
M. A.-A.
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