On ne dit pas tout au Premier ministre ?
Abdelmalek Sellal jouit-il de toutes les prérogatives d’un Premier ministre ? Son poids est-il signifiant dans la pyramide du pouvoir actuel ? Depuis sa promotion à la tête de l’Exécutif en septembre 2012, il ne cesse de démontrer le contraire. Au-delà de sa courtoisie, sa simplicité, son humour sarcastique et sa discipline de commis de l’Etat, le Premier ministre cumule les ratés et essuie des revers sans juger utile de corriger le tir. Outre de n’avoir aucun pouvoir sur plus de la moitié de «son» gouvernement qu’il n’a assurément pas choisi, Sellal est souvent contredit par des responsables à différents niveaux, au point que toutes ses déclarations perdent tout leur sens. La dernière en date est celle relative au projet de révision constitutionnelle. Selon lui, la commission chargée de la révision de la Constitution a achevé son travail et rendu son rapport au président de la République. Ses propos ont été vite démentis par ceux de Mme Fouzia Benbadis, membre de cette commission, selon lesquels le projet en question n'est pas achevé et le rapport est en phase d’élaboration. Autrement dit, ce rapport dont parlait Sellal n’existe pas encore. La mise au point est cinglante, mais elle n’a pas fait perdre son sourire au Premier ministre. Sellal a été également contredit par le tout nouveau secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, sur la tenue du Conseil des ministres. Si pour Sellal, qu’on montre régulièrement en tête-à-tête avec le chef de l’Etat, la tenue d’un Conseil des ministres n’est pas encore à l’ordre du jour, pour Amar Saïdani, cette réunion aura lieu durant la dernière semaine de septembre. Il y a également la date de la tenue de la tripartite économique qui a été annoncée par Réda Hamiani pour le 3 octobre, alors qu’Abdelmalek Sellal disait qu’elle se tiendrait la dernière semaine du mois courant. Ce n’est pas la première fois que le Premier ministre se retrouve dans une telle situation pour le moins gênante, où d’autres personnalités – en dehors même du gouvernement – annoncent avant lui la date de la tenue de certains événements qui sont normalement inscrits dans son agenda personnel. Ce n’est, non plus, pas la première fois que le Premier ministre est le dernier à être informé du déroulement d’un événement. Le cas du retour du chef de l’Etat de France, après une hospitalisation de 80 jours au Val-de-Grâce est édifiant. Abdelmalek Sellal était en visite à Tizi Ouzou quand il a été informé de l’arrivée du chef de l’Etat. Autrement dit, le Premier ministre a été «convoqué» à la dernière minute par la «Présidence» pour les besoins du protocole du «retour au bercail» du président de la République.
Sonia Baker
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