Mouloud Hamrouche joue-t-il un rôle dans l’initiative pour un rapprochement entre le FLN et le FFS ?
Le FLN multiplie les initiatives. Après la lettre adressée par son nouveau secrétaire général Amar Saïdani au président du FFS, Hocine Aït Ahmed, le responsable de l’information au sein du plus vieux parti a mis au goût du jour une tribune signée par Smaïl Goumeziane parue en février 2013 sur les colonnes de La Nation – journal proche de Mouloud Hamrouche. Cette démarche de Kassa Aïssi suscite des interrogations sur le choix de ce texte et la décision de l’adresser aux rédactions nationales pour son exploitation ou comme simple rappel d’un article «qui demeure d’actualité» sept mois après sa publication. Smaïl Goumeziane, ancien ministre dans le «gouvernement réformateur» de Mouloud Hamrouche, revient, dans sa longue contribution, sur le FLN, se demandant si ce dernier peut encore, aujourd’hui, contribuer à redonner de l’espoir. Et d’affirmer : «Probablement. A condition de se rappeler quand et comment il a été en phase avec l’Histoire.» L’ancien ministre délégué à l’organisation du commerce, après un long plaidoyer en faveur de ce parti historique, qui remonte jusqu’à la lutte armée, s’attarde sur la période charnière entre l’ouverture démocratique de 1988, imposée par les émeutes du 5-Octobre et le «coup d’Etat scientifique» de 1996 : «De 1988 à janvier 1996, écrit-il, malgré une vaste coalition d’intérêts dérangés par la mise en œuvre des réformes démocratiques, la chute conséquente du gouvernement réformateur et la flambée de violence terroriste qui frappa durement le pays, [la] ligne réformatrice, privilégiant le dialogue politique aux solutions sécuritaires, fut maintenue vaille que vaille par un bureau politique courageux dirigé avec clairvoyance et constance par Abdelhamid Mehri, sur la base d’un programme élaboré par le FLN pour les législatives de décembre 1991.» Mais Smaïl Goumeziane fait cette révélation pour le moins surprenante : «Mouloud Hamrouche, le chef du gouvernement, avait obtenu la promesse que les élections ne se dérouleraient qu’après trois ans, le temps d’enraciner les réformes économiques et d’en récolter les premiers fruits pour la population.» Les élections eurent lieu plus tôt et Hamrouche sera poussé vers la porte de sortie après avoir échoué à maîtriser la rue abandonnée aux activistes du FIS. Ce «rafraîchissement de la mémoire» par Kassa Aïssi intervient au moment même où le FLN s’apprête à nouer de nouvelles alliances en prévision de l’élection présidentielle de 2014 : «La ligne réformatrice imprègne toujours le FLN (…) et il ne tient qu’à elle d’être reconnue comme telle et de se rapprocher des autres forces démocratiques existantes encore dans le champ politique national, dans le champ institutionnel et dans la société civile», recommandait Smaïl Goumeziane en février dernier, cependant que la classe politique était concentrée sur la maladie de Bouteflika, hospitalisé à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce, et qu’on parlait bas d’un probable recours à l’article 88 de la Constitution. La tempête soulevée par les derniers changements opérés au sein du gouvernement et des services de sécurité a fini par réveiller une classe politique jusque-là estourbie. Et c’est dans ce contexte particulier que le FLN, qui compte bien conduire une nouvelle alliance dans un système qui ne paraît pas vouloir amorcer un virage, est invité à «retrouver son lien historique avec la société algérienne (…) en ces temps troubles». Il est difficile de ne pas entrevoir un lien entre la lettre d’Amar Saïdani à Hocine Aït Ahmed et la tribune nostalgique actualisée de l’ancien ministre de Mouloud Hamrouche pour un FLN «réformé» et tendant la main à un FFS disposé à changer de camp, comme en 1991.
M. Aït Amara
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