Pétrostratégies : «L’opacité de l’Etat handicape le secteur des hydrocarbures en Algérie»
Dans son dernier numéro, sorti hier à Paris, la revue de l’énergie Pétrostratégies souligne dans un article consacré à notre pays, intitulé «Algérie : entre stagnation politique et promesses pétrolières et gazières», le contraste saisissant entre le secteur des hydrocarbures, «qui essaie de se redynamiser en lançant de grands projets», et l’Etat qualifié de «défaillant», voire «installé dans la dérive vers la déliquescence», selon le jugement porté par l’ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, cité par la revue. Pétrostratégies se fait l’écho de l’«exaspération» des Algériens devant, écrit-il, un Etat «opaque», et revient sur les interrogations qui agitent la société algérienne à propos de l’élection présidentielle d’avril 2014 et de ce que va faire le président Bouteflika : quatrième mandat, prolongation de son mandat actuel de deux ans ou tenue d’un scrutin qui donnera à l’Algérie un nouveau président. Le rédacteur de l’article estime que ces circonstances sont «handicapantes» pour le secteur des hydrocarbures en Algérie, déjà secoué par les affaires de corruption dont il rappelle les péripéties qui ont culminé, fait-il remarquer, par la mise en cause de l’ex-ministre Chakib Khelil, contre lequel un mandat d’arrêt international a été lancé. Il fait constater que ce «climat de suspicion générale», qui dure depuis quatre ans, paralyse Sonatrach alors que «les hydrocarbures font littéralement vivre l’économie algérienne et assurent la majeure partie des rentrées de devises et des recettes de l’Etat». «Fort heureusement pour l’Algérie», note Pétrostratégies, ces rentrées bénéficient de prix élevés sur le marché international. De plus, ajoute-t-il, «cette ambiance quasi délétère» n’a pas empêché Youcef Yousfi, ministre de l’Energie et des Mines, de travailler sur un nouveau chantier qui est celui des hydrocarbures non conventionnels. L’article cite, comme un exploit, la révision de la loi sur les hydrocarbures en février 2013 et, comme une révélation, l’identification des périmètres d’exploitation des ressources non conventionnelles, c'est-à-dire le gaz de schiste, essentiellement. L’article fait dire à Youcef Yousfi que le lancement des projets dans ce créneau «est imminent». En reprenant les informations parues dans la presse algérienne à propos du potentiel de «gaz de schiste techniquement récupérable en Algérie», en plus des réserves dans les autres hydrocarbures non conventionnels, Pétrostratégies en conclut que tout cela, sur la base de la nouvelle loi, «peut, effectivement, inciter les sociétés étrangères à vouloir investir». Reste le problème de la sécurité, selon la revue qui rappelle l’attaque d’In Amenas et laisse entendre que l’Etat algérien n’inspire pas encore «confiance sur sa capacité à assurer la sécurité». Mais la condition des conditions, pour Pétrostratégies, est que « l’Etat retrouve un fonctionnement normal et que ses autorités, une fois qu’elles seront renouvelées au plus haut niveau, assainissent le climat des affaires, d’un côté, et, par leur soutien, libèrent les forces internes de la Sonatrach, de l’autre», conclut l’article.
Kamel Moulfi
Comment (6)