Amara Benyounès à Lakshmi Mittal : «Vous avez failli !»
Lors de la cérémonie de signature du nouveau pacte des actionnaires entre les groupes Sider et ArcelorMittal portant sur le complexe sidérurgique d’El-Hadjar, Amara Benyounès, le tout nouveau ministre du Développement industriel, a cru bon de servir à son invité du jour, Lakshmi Mittal en l’occurrence, un sermon en guise de discours de circonstance. Certes, on ne sait pas si cette admonestation était préméditée ou pas, mais le constat dressé par le ministre ne semble prêter à aucune équivoque. Son discours était, en effet, truffé d’allusions parfois directes à une gestion visiblement loin d’être à la hauteur du complexe sidérurgique d’Annaba par le groupe indien, jusque-là actionnaire majoritaire de la société gérante. Sinon, pourquoi M. Benyounès évoquerait avec autant de détails le bilan négatif, chiffres à l’appui, du complexe en question, dans un discours qui se veut tourné vers l’avenir, puisqu’intervenant à l’occasion de la signature d’un nouveau pacte des actionnaires ? Il commence par la très faible couverture des besoins du marché national par le complexe qui «ne satisfait, d’après lui, que moins de 10% de la demande locale». Il assène, ensuite, que «les capacités installées à El-Hadjar ne sont pas adaptées aux besoins du marché algérien constitués principalement par les produits longs destinés à la construction». Plus loin, en évoquant le plan de développement à venir du complexe d’El-Hadjar, le ministre se sent presque obligé de s’étaler sur les raisons qui motivé le lancement d’un tel programme. Et c’est à ce moment-là qu’il hausse le ton pour accabler son invité du jour de reproches, comme adosser à lui seul la responsabilité de l’échec du partenariat engagé entre l’Etat algérien et le groupe ArcelorMittal. «Le plan de développement a été conçu sur la base d’un diagnostic de la situation actuelle. Il répond aux trois principales causes de dysfonctionnement identifiées. Sur l’aspect industriel, la vétusté et l’obsolescence des installations. Sur l’aspect managérial, la déperdition des compétences techniques et managériales. Et sur l’aspect social, l’instabilité sociale», égrène le ministre. Cette salve contre le patron d’ArcelorMittal cacherait-elle une tentative de diversion du gouvernement qui veut, ainsi, tout mettre sur le dos du partenaire indien ? S’il y a échec du partenariat en question, et c’est réellement le cas aujourd’hui, n’était-il pas plus honnête pour les parties concernées de jouer franc-jeu et d’assumer chacune sa part de responsabilité ? M. Benyounès feint d’ignorer tout cela dans une tentative de camper le beau rôle, dans une pièce où le commun des Algériens sait que l’Etat algérien a été floué en cédant un fleuron de l’industrie nationale à un spéculateur avéré.
Amine Sadek
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