Femme courage
J’ai dans le souvenir les femmes de nos contrées
Celles des Aurès, de l’Akfadou et de nos vallées
Mille seins généreux qui ont nourri les hommes
Les champs labourés les blés quelles moissonnent.
Femmes au corps limoneux en habit bariolé
Allant et revenant sans cesse de piton en village
Donnant tant de vies telles les fleurs des genêts
Exaltées jusqu’aux cimes des chênes en feuillage.
Elles jettent sur leur dos les fagots de misère
Dignes, courageuses jusqu’à traîner les genoux
Sur les chemins pentus des montagnes austères
Elles sont là partout dans l’argile dans la houe.
Quand le bois manque, quand l’hiver est de neige
Afin de donner aux hommes la chaleur qui caresse
Elles ramassent du chaume, des brindilles, que sais-je ?
Pourvu que le kanoun brûle et que le feu apaise.
Elles taisent leur malheur, leur courage étonne
Leurs mains burinées à force d’arbres taillés
Sous les oliviers l’achwiq qu’elles chantonnent
Faisant moudre le grain, allaitant le nouveau-né.
Nous étions des enfants des douars des villages
Nous regardions crédules ces femmes peiner
Entamant notre avenir en grignotant notre âge
Nous serons ces hommes qu’elles ont su germer
Je vous revois encore telles que vous fûtes alors
Des jeunes filles pubères puis femmes puis mères
Que de hargne au labeur que de tendresse encore
A la lésine de l’âge vous êtes de belles Berbères.
Abderrahmane Zakad
Poème tiré du recueil Le Patrimoine
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