Lamamra appelle le Maroc à la retenue et à la sagesse
Pour sa deuxième sortie devant les médias algériens, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a évoqué, ce mardi matin sur les ondes de la Radio Chaîne III, la situation au Sahel «préoccupante, dit-il, et non pas alarmante», car, explique-t-il, le terrorisme a été déjoué et défait, et l’unité nationale du Mali a été préservée. Au Mali, la solution doit être malo-malienne, c’est ce que nous avons toujours préconisé, dit-il, pour développer un consensus national. D’autres étapes doivent être franchies, selon notre ministre. La relation entre le centre et la périphérie dans ces pays les moins avancés est déséquilibrée (équipements collectifs, infrastructures n’atteignant pas la périphérie), c’est un générateur de violences, précise-t-il. Il y a également la relation entre l’unité nationale et la diversité, quelle qu’elle soit. Cette diversité doit être prise en charge. C’est le cas pour le Mali. Ramtane Lamamra a confirmé l’information qu’il a déjà donnée à propos des otages algériens détenus à Gao, selon laquelle nos diplomates sont en vie. L’Algérie fait tout pour les faire revenir chez eux, dit-il. Quant aux prisonniers algériens en Irak, le dossier avance et sera réglé dans un avenir proche, a-t-il assuré. Sur la situation en Tunisie, il a mis en exergue l’aide apportée par l’Algérie pour que ce pays sorte de sa crise. Concernant les relations algéro-marocaines, le ministre fait observer qu’elles ne sont pas «normales» à cause des accès de fièvre dans les médias. Il estime qu’il est possible de les améliorer, mais pour cela, il faut de la retenue, de la sagesse et de la pondération pour aller de l’avant vers des relations privilégiées, dans le cadre du grand projet unitaire maghrébin. Il s’agit de permettre aux Nations unies d’avancer vers l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental. Pour le problème des frontières, il rappelle que les raisons qui ont amené leur fermeture n’ont pas changé. «Les frontières n’ont pas vocation à être fermées», conclut-il sur ce problème. Autre point évoqué, la Syrie qui «a eu raison de prendre sa démarche actuelle», dit-il, et la priorité est à l’arrêt de la guerre et à la tenue de la conférence de Genève 2 pour aider le peuple syrien à s’en sortir. La Ligue arabe devrait s’engager dans cette voie, affirme-t-il. Sur la question du nucléaire, Ramtane Lamamra estime qu’il faut aller vers le désarmement. Le ministre a exposé la position de l’Algérie sur la réforme des Nations unies, en particulier le Conseil de sécurité et sur le droit de veto, ainsi que sur les relations internationales entre les pays développés et le reste de la communauté internationale. Abordant la politique étrangère de l’Algérie, le ministre a fait remarquer qu’«il y a une adaptation aux conditions actuelles qui fait qu’on n’agit pas comme avant, mais du point de vue des fondamentaux, la politique extérieure est la même». Concernant le «Printemps arabe», tout n’est pas bon à dire, souligne-t-il. L’Algérie préfère l’action plutôt que le discours. Les événements nous ont malheureusement donné raison : des transitions pacifiques sur la base de consensus nationaux sont préférables aux prises de pouvoir désordonnées, selon lui. Ramtane Lamamra confirme, enfin, que l’Algérie est de plus en plus écoutée sur la question de la lutte contre le terrorisme.
Kamel Moulfi
Comment (27)