Le baratin du ministre
Par Karim Bouali – Le fossé est tellement grand entre les discours des responsables et la réalité de tous les jours, que les annonces officielles qui touchent à la vie du citoyen ont perdu toute crédibilité. Elles sont même tournées en dérision. Que des blagues, pensent les gens. Les meilleures sont celles qui viennent du ministère du Commerce. Elles concernent malheureusement le premier service public par excellence, les boulangeries, et plus largement les magasins d’alimentation et les marchés des fruits et légumes. Durant les jours de fête, particulièrement les Aïd -El Fitr et El-Adha – les gens doivent courir comme dans une ruée vers l’or puis suivre une chaîne interminable pour, s’ils ont de la chance, rentrer à la maison avec quelques baguettes de pain, n’importe quel pain (semoule, son…) et dans n’importe quelle forme (rond, long…). Cela a toujours été ainsi. La différence, depuis quelques années, est dans le discours qui promet que ça ne va pas se passer comme avant. Il ne faut pas avoir une très bonne mémoire pour s’en souvenir, ça remonte à l’Aïd El-Fitr, un peu plus de deux mois. Les plus crédules d’entre nous qui ont cru aux paroles du ministre du Commerce, appuyé par les responsables de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (la fameuse UGCAA), ont été pris au piège et ont passé une bonne semaine, si ce n’est plus, sans pain. Ils n’ont été sauvés que par le pain fait à la maison ou par l’overdose de gâteaux de l’Aïd. Et voilà que le ministre du Commerce se la ramène encore à quelques jours de l'Aïd, promettant, toute honte bue, encore une fois que les magasins seront ouverts. Ailleurs, devant son incapacité à faire appliquer ses directives, un ministre aurait démissionné. Dans notre pays, il est reconduit. Un nouveau ministère vient d’être créé, chargé du service public. Son titulaire devrait commencer par faire une tournée dans les boulangeries les jours de l’Aïd.
K. B.
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