Que se passe-t-il à l’Union des écrivains algériens ?
Rien ne va plus à l’Union des écrivains algériens (UEA). Les dissensions s’exacerbent en son sein. La situation est telle qu’un nombre d’intellectuels et d’écrivains montent au créneau pour dénoncer la médiocrité ambiante. Ils viennent, ainsi, de lancer une campagne pour tenir un congrès extraordinaire au plus vite. Car, comme l’expliquent les auteurs de cette initiative, la situation est grave et sa prise en charge urgente. Leur démarche est motivée par l’ampleur des «dégâts» occasionnés par la direction actuelle de l’UEA à la famille des écrivains et la profondeur du mal qui ronge cette union censée participer activement à la vie nationale. Dans un texte rendu public pour collecter des signatures pour la tenue de ce congrès extraordinaire, les meneurs de cette campagne ont dressé un constat cuisant de l’état de l’UEA, qui est resté sans voix depuis des années et qui traîne une très mauvaise réputation. Ils considèrent que la direction de l’union n’a pas respecté ses engagements, n’a pas mené à bien sa mission et n’a pas atteint les objectifs assignés. Ils parlent également de l’abus de confiance et de la déformation du message qu’une union d’écrivains doit véhiculer. «Une union d’écrivains doit être présente sur la scène publique, expliquer ses positions sur tout et faire des propositions pour encourager le savoir, la créativité, l’écriture littéraire et le rayonnement culturel. Le but recherché par ce congrès est donc d’arriver à mettre en place de nouvelles instances et de nouveaux dirigeants pétris de la culture et capables de hisser l’UEA au niveau attendu pour qu’elle occupe la place qu’elle mérite dans la vie nationale.» Les initiateurs de cette démarche veulent également mettre fin à l’exclusion et la marginalisation notamment des jeunes écrivains et créateurs. Les critères de représentation vont également être modifiés pour que «l’écrivain soit représenté par de gens compétents et capables de faire entendre sa voix, défendre ses intérêts et de transmettre ses doléances». Présidée actuellement par Youcef Chagra, l’UEA est depuis des années absente de la scène culturelle nationale. Cette organisation qui existe depuis 1964 s’est, au fil des ans, transformée en une véritable rampe de lancement pour atteindre le sommet du pouvoir pour certains. On peut citer comme exemple le cas d’Azeddine Mihoubi, qui a eu à diriger cette organisation dans les années 2000 avant qu’il devienne ministre. L’UEA a servi pour d’autres d’agence de voyages qui leur permet de faire le tour du monde à moindres frais, sinon gratuitement. Elle est aussi un strapontin utilisé par certaines personnes pour décrocher des titres et des prix en espèces sonnantes et trébuchantes notamment auprès des monarchies du Golfe. Bref, l’UEA a servi à tout sauf à sa vocation qui est d’œuvrer à ce qu’il y ait toutes les conditions nécessaires pour une production littéraire de qualité, et pour encourager les jeunes talents pour émerger et prendre le relais. Mais la réalité est qu’aujourd’hui, l’Algérien est également consommateur de littérature importée. C’est dire que la relance de la machine productive nationale ne doit pas se limiter à l’industrie. Elle doit aussi toucher le domaine de la culture et de l’écriture.
Sonia B.
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