Des visas mauritaniens pour les hadjis algériens ?
Le visa pour le hadj fait l’objet d’un marchandage pas du tout «catholique». Alors que chaque Etat musulman dispose d’un quota défini selon la taille de sa population, la Mauritanie a eu un surplus de places qu’elle aurait vendu à des prétendants au pèlerinage d’autres pays dont l’Algérie. Cette information aux allures d’un scandale a été révélée par Abdelfattah Mourou, membre du mouvement tunisien Ennahda. Lors de son passage jeudi 10 octobre sur le plateau de télévision de la chaîne Nessma, Mourou a indiqué que 600 visas mauritaniens pour le hadj ont été cédés à des Tunisiens et 4 400 autres ont été vendus, entre autres, en Algérie, en Libye, en Belgique et en France. Le gros aurait été cédé aux Algériens. L’invité de Nessma parle de quelque 1 200 visas mauritaniens refilés à des Algériens. Abdelfattah Mourou n’a pas expliqué la procédure suivie pour effectuer de tels transferts. Il n’a pas confirmé si ces visas ont été cédés par la voie officielle ou par des circuits détournés. Il explique cependant qu’en Tunisie, ce transfert de visas a été effectué à travers les agences de voyages. Abdelfattah Mourou a défendu bec et ongles ces agences, attestant en sa qualité de juriste que ce qu’il convient désormais d’appeler «l’affaire des visas mauritaniens» n’a rien de suspect. Cet islamiste tunisien a souligné que les visas en question sont légaux et qu’il est d’usage que des visas étrangers soient accordés dans le cas du hadj à des citoyens de nationalités différentes, car, au bout du compte, tous les visas pour le pèlerinage sont octroyés par les autorités saoudiennes et distribués par la suite aux différents pays concernés du monde entier, a souligné le religieux tunisien. D’après lui, c’est un agent mauritanien chargé de choisir une agence de voyages tunisienne pour le transfert des hadjis de son pays jusqu’en Arabie Saoudite (étant donné qu’il n’existe pas de vol direct de la Mauritanie à Djeddah) qui a proposé à cette même agence de lui céder 600 visas puisés dans le quota mauritanien au profit de Tunisiens. Mais cela n’explique pas tout. Si ces visas ont été proposés à des Algériens de la même manière, cet agent mauritanien a-t-il agi au nom du gouvernement de son pays ? Ou a-t-il mené cette opération de manière clandestine avec la complicité d’individus au sein de l’administration mauritanienne ? Cette affaire n’a pas révélé tous ses secrets. La réduction des quotas de pèlerins de chaque pays, décidée par l’Arabie Saoudite en raison des travaux en cours à la Mecque, a pu encourager ce commerce d’un genre nouveau.
Sonia Baker
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