Le style Sellal
Par Kamel Moulfi – La tripartite qui s’est tenue avant-hier jeudi a fait ressortir avec plus de netteté encore le style Sellal, à travers des caractéristiques nouvelles qui n’ont pas manqué de déstabiliser ceux qui ont trop tendance à s’accrocher aux habitudes. D’abord, la durée de la réunion n’a pas excédé quelques heures, à comparer avec les séances de travail marathoniennes qu’Ouyahia imposait aux participants des tripartites qu’il présidait. Ensuite, le niveau de satisfaction des «partenaires sociaux» comme on les appelle, c'est-à-dire l’UGTA et surtout le patronat. Certes, l’UGTA a réussi, depuis quelques années, à inscrire dans ses traditions la collaboration quasiment sans condition avec le gouvernement, mais le patronat, lui, n’a jamais hésité à montrer ses réticences, voire sa grogne à la sortie d’une tripartite dirigée par Ouyahia. Enfin, c’est la grande innovation de Sellal : le degré de transparence appliquée aux travaux et l’élargissement de la participation au point où on ne reconnaissait plus la tripartite classique, c'est-à-dire le cadre de concertation qui réunit exclusivement les acteurs de la vie économique avec les pouvoirs publics. Il y avait dans la salle des économistes et des experts, dont le choix répond visiblement à un souci, plus ou moins respecté, de faire figurer les diverses «sensibilités». C’est sans doute dans cette nouveauté qu’il faut situer la cause de la perte de sang-froid du président du Forum des chefs d’entreprises qui n’a pas mâché ses mots pour dire ce qu’il pense de la tripartite alors qu’elle n’avait pas encore clos ses travaux : «Escroquerie intellectuelle», avait-il lancé à notre journaliste, qui était présent pour couvrir l’événement. Doit-on croire que ces mots ont dépassé sa pensée, puisqu’il a été plus serein quelques minutes après, dans son intervention ? Il faut être attentif à la réaction d’Abdelmadjid Sidi-Saïd, le jour où, dans la même circonstance, les dirigeants des syndicats autonomes partageront avec lui le côté du triangle réservé aux représentants des travailleurs.
K. M.
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