Alger : les boulangers font la loi
Le directeur du commerce de la wilaya d’Alger avait annoncé que les listes et programmes des commerçants devant assurer la permanence durant les deux jours de l’Aïd avaient été établis «en coordination avec les commissions locales, les représentants de l’Union générale des commerçants et artisans d’Algérie (UGCAA) et des associations de protection des citoyens». Il a promis que l’approvisionnement des citoyens en produits de base (pain, fruits et légumes et autres) sur l’ensemble des communes de la wilaya d’Alger doit être assuré «par 1 000 commerçants mobilisés durant l’Aïd Al-Adha». Mais déjà à la veille de l’Aïd, il y a pénurie de pain et on sait, par expérience, sauf miracle, que cette situation va durer jusqu’à dimanche grâce au grand pont que vont s’offrir les privés auxquels on a confié des missions de service public, comme la vente du pain. On entend dire que les commerçants qui ne respecteront pas les programmes de permanence seront exposés à des «sanctions», conformément à «la loi amendant et complétant la loi 04-08, fixant les conditions d’exercice des activités commerciales». La réponse des commerçants concernés est connue : «Chiche !» Quant aux pauvres citoyens pris en otage par ce système commercial, ils savent que les discours officiels n’ont jamais rien changé et qu’au contraire le fossé qu’ils présentent par rapport à la réalité contribue à discréditer encore plus l’Etat. Le président de l’Union nationale des boulangers algériens a assuré que «le pain sera disponible durant les deux jours de l’Aïd Al-Adha grâce à l’instauration du système de permanence», mais la veille déjà, il n’y en a pas. On verra si le refus de certains boulangers de faire le pain la veille de l’Aïd sera sanctionné. S’ils restent ouverts c’est uniquement pour vendre ce qui rapporte le plus, c'est-à-dire les gâteaux, et pour le pain, il faudra attendre l’après-Aïd, autrement dit dans une semaine. Ils ne risquent pas la sanction, au demeurant légère puisqu’elle consiste en une «fermeture administrative du local commercial sur décision du wali pour une période allant d’une semaine à 30 jours». Certains boulangers et commerçants appliquent «leur loi» pas celle «adoptée par les deux chambres du Parlement».
Kamel Moulfi
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