Mise au point du MDN : Gaïd Salah perd son calme
Dans une réponse à un billet écrit par le journaliste Saâd Bouakba dans l’édition de vendredi du quotidien El-Khabar, le ministère de la Défense nationale a manifesté, ce week-end, son agacement face à ce qu’il considère comme un «acharnement de certaines plumes» de la presse algérienne sur l'institution militaire. Cette dernière, qui n’a, jusque-là, pas bronché malgré le déferlement d’écrits et de commentaires, et ce, depuis plusieurs semaines, notamment à propos des changements qui ont été effectués au niveau des services du Département du renseignement et de la sécurité, a fini par réagir avec véhémence comme le démontre le contenu de la mise au point adressée à El-Khabar. La réaction du ministère de la Défense nationale peut paraître disproportionnée puisqu’elle s’adresse en fait à un seul écrit, en l’occurrence un billet que le communiqué du ministère cite d’ailleurs. Mais le billet commis par le journaliste d’El-Khabar peut être interprété comme la goutte qui a fait déborder le vase, car le communiqué du MDN extrapole pour évoquer «une campagne tendancieuse menée par certaines plumes contre l'institution militaire». Ce n’est donc pas seulement Bouâkba qui peut se sentir visé par cette réplique, mais toute la presse algérienne qui s’est étalée sur les changements intervenus au sein de l’Armée le mois dernier. Sinon, pourquoi le ministère de la Défense irait jusqu’à condamner ce qu’il considère comme des méthodes médiatiques «immorales», tout en s'interrogeant sur «les motifs d'une telle entreprise». Le ministère considère, en effet, que ce qui a été écrit par Bouakba «laisse transparaître un acharnement clair et une attaque manifeste contre l'institution militaire, assortis de diffamation et de provocation à l'endroit des cadres de l'Armée nationale populaire (ANP), d'une manière totalement étrangère à la déontologie du métier de journaliste». Le MDN se réserve, enfin, le droit de poursuites judiciaires contre le journaliste. Au-delà du fait que le MDN est une institution républicaine qui a le droit de réagir à ce qui s’écrit sur l’Armée dans la presse, il faut dire que son communiqué pèche sans aucun doute par un excès de colère due visiblement à tout ce qui a été écrit, à tort ou à raison, sur les rapports ambigus entre la présidence de la République et l’institution militaire.
Amine Sadek
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