André Parant multiplie les sorties sur le terrain : la France veut éviter les erreurs d’analyse des années 90
L’ambassadeur de France en Algérie est en visite depuis hier samedi à Annaba «dans la continuité des déplacements effectués dans plusieurs wilayas d’Algérie, notamment à Oran, Tlemcen, Constantine et Béjaïa», indique un communiqué de l’ambassade de France à Alger. Mais qu’est-ce qui fait courir André Parant pour multiplier ainsi ses visites dans les wilayas du pays ? Pour certains observateurs, l’objectif de ces virées est clair : les perspectives politiques de notre pays paraissent tellement floues à quelques mois d’une échéance politique majeure, qu’il devient inévitable d’aller à la rencontre des catégories actives de la société pour tenter de comprendre de quoi sera fait demain dans un pays qui semble naviguer à vue. En tant qu’ambassadeur qui se doit d’informer sa hiérarchie de tout ce qui pourrait toucher aux intérêts français dans la région, André Parant tâte le pouls de l’Algérie et des Algériens à l'approche de l’élection présidentielle de 2014, une échéance qui souffre pour le moment de plusieurs inconnues. La France, qui veut ainsi montrer qu’elle a tiré les enseignements de ses précédentes expériences dans notre pays, notamment lorsque Mitterrand, se basant sur des rapports loin de la vérité, élaborés par sa représentation diplomatique à Alger, avait appelé à la poursuite du processus électoral – lui parlait de «processus démocratique» – qui devait amener les extrémistes du FIS au pouvoir. Cette position radicale de la France avait, on s’en souvient, eu pour conséquence une perte d’influence considérable de l’ancienne puissance coloniale dans un pays qui reste un de ses plus importants partenaires commerciaux. Le blocus imposé par la France à l’Algérie dans les années 90, lorsque notre pays faisait face seul à un terrorisme islamiste ravageur, est toujours dans les esprits, de ce côté comme de l’autre de la Méditerranée. Cette position de la France à l’égard de l’Algérie ne pouvait être que la résultante d’une lecture et d’une analyse approfondie des événements qui se déroulaient dans notre pays. Et lorsque les éléments d’information qui doivent servir de base à cette lecture sont faux, il est évident que cela ne manquera pas de se répercuter sur la conclusion que l’on peut en tirer. C’était le cas, en effet, avec un ancien ambassadeur qui avait dû être rappelé à Paris et sermonné par le Quai d'Orsay pour «fausses informations et analyses sur la situation en Algérie». Ce genre d’événement peut se reproduire dans le cas d’une mauvaise interprétation des faits et de leurs conséquences sur les plans politique, sécuritaire, diplomatique, économique et social. C’est sans aucun doute ce que cherche à éviter l’actuel ambassadeur de France en Algérie, en allant au contact de la population des différentes régions, pour anticiper sur ce qui pourrait arriver dans un pays que la fin de règne d’un Bouteflika grabataire a propulsé dans un large nuage de fumée, rendant toute prévision sur l’évolution de la scène politique algérienne complètement aléatoire.
Amine Sadek
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