Comment les institutions belges et les médias mentent sur les djihadistes
Le dossier brûlant des djihadistes «venus de l’UE» participer à l’assaut terroriste en Syrie (mais aussi en Somalie) fait l’objet depuis des mois d’une intense manipulation des gouvernements de l’UE, membres de l’Alliance atlantique, et des médias de l’Otan. Gouvernement belge en tête, l’un des plus concernés, sinon le plus. Le retour de Syrie d’un jeune djihadiste flamand, un converti radicalisé, Jejoen Bontinck, est l’occasion pour distiller de nouveaux mensonges. Les médias belges, comme La Libre Belgique (Bruxelles), parlent de «dizaines» de jeunes Belgo-Flamands et de «centaines d’Européens». Lourde sous-estimation ! Les sources sécuritaires syriennes m’ont donné, lors d’une mission en Syrie en juin 2013 (avec des parlementaires du Parlement flamand de Belgique), de tous autres chiffres : 7 000 à 9 000 djihadistes européens, dont 600 à 700 Belges – le plus gros contingent avec les Néerlandais –, parmi eux de nombreux convertis européens de souche. A cela s’ajoutent les filles – sujet de honte pour les familles et les islamistes radicaux – parties faire le «djihad par le mariage» (sorte de prostitution militante en fait). Les faits – pertes sur les fronts, arrestations, retours, scandales divers – démontrent sans cesse que les chiffres syriens sont les bons et pas les statistiques truquées de l’UE et des Belges. A cela s’ajoute le volet occulté du dossier par les médias de l’Otan :
– officiers des forces spéciales de l’Otan encadrant les djihadistes (jusqu’en juillet, les Turcs – que Washington vient de tancer à ce sujet – continuaient toujours l’encadrement). Des officiers belges, français, néerlandais, turcs, ont été arrêtés à Qusseir début juin,
– filières djihadistes sous contrôle des services spéciaux turcs (membre de l’Otan).
Tout ce qui explique la frilosité des gouvernements de l’UE. Le parquet fédéral antiterroriste belge – dont le porte-parole dit par ailleurs «comprendre» les motivations des djihadistes (sic) – enquête sur des faits que les services spéciaux belges ont couverts et organisés, à un moment où les islamistes radicaux étaient les alliés de l’Otan en Libye et en Syrie. Vous avez dit «duplicité» ? Ou plutôt schizophrénie ? Quant à Jejoen Bontinck, sautant sur la propagande anti-Assad des autorités belges, il dit aujourd’hui «ne pas être un djihadiste», «ne pas avoir été combattre», mais «avoir participé à des opérations humanitaires» (sic). A Damas, en juin dernier, j’ai visité des centres de détention antiterroristes et rencontré certains de ces djihadistes venus de France, d’Espagne et du Caucase russe. Tous m’ont raconté la même histoire humanitaire. Tous avaient pourtant été arrêtés les armes à la main.
Luc Michel
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