Le Monde diplomatique appelle l’ONU et la France à mettre fin à «l’impasse mortelle» de la question sahraouie
L’édition anglophone du mensuel français Le Monde diplomatique pour le mois d'octobre a publié un article qui exhorte l’ONU et la France à mettre fin à «l'impasse mortelle» du dossier du Sahara Occidental, tout en relevant les multiples «échecs» de l’ONU et en pointant du doigt la France qui «bloque» les efforts diplomatiques pour l'affaire sahraouie. Dans son article solidement argumenté, le journaliste britannique Tom Stevenson évoque, tout d'abord, la tournée actuelle dans la région de l’envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, dans le cadre d'une «nouvelle offensive diplomatique» afin d'effacer «une des plus sombres taches des dossiers de l'ONU». La visite actuelle de M. Ross vise à «briser une impasse qui dure depuis des décennies pour résoudre définitivement le problème de la dernière colonie en Afrique», note l'article publié sous le titre : «Il est temps d'agir au Sahara Occidental.» Dans une brève rétrospective, il rappelle «l'invasion menée en 1975 par le roi Hassan II au Sahara Occidental» et les souffrances de la population sahraouie dont «des dizaines de milliers ont fui leurs maisons vers la frontière algérienne où des camps de réfugiés avaient, alors, été installés et qui dépendent de l'aide humanitaire». Quant aux Sahraouis qui sont restés dans les territoires occupés par le Maroc, « ils se sont retrouvés sous une dure domination marocaine, terrorisés par les forces de sécurité et de plus en plus marginalisés par les colonies marocaines subventionnées» par le régime marocain, observe ce journaliste britannique. Plus grave encore, poursuit-il, «une force armée allant entre 100 000 et 140 000 soldats marocains tient sous son contrôle une population sahraouie de seulement 500 000 personnes». Evoquant les multiples actes de répression menés par les forces marocaines contre les activistes sahraouis et contre les manifestations pacifiques pro-indépendantistes, il affirme que les violations des droits de l'Homme, rapportées par les journalistes et les ONG internationales, «demeurent monnaie courante». Ayant lui-même visité les territoires sahraouis occupés en 2012, il témoigne avoir eu «des preuves de la répression systématique, des agressions et même des exécutions extra-judiciaires ou de disparitions de Sahraouis». En conséquence, il s'est interrogé, lui aussi, sur les raisons pour lesquelles la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso) demeure privée du mécanisme de surveillance des droits de l'Homme. Mais en fait, observe-t-il, «les échecs de l'ONU au Sahara Occidental sont multiples». A ce propos, il considère que l’ONU «a échoué, à la fois, pour procéder dûment à la décolonisation des territoires sahraouis occupés, pour exécuter la décision de la Cour internationale de justice invalidant les revendications du Maroc sur le Sahara Occidental, et pour organiser un référendum d'autodétermination qui devait avoir lieu en 1992». Sur ce point, il considère qu'il y a beaucoup d'explications, mais «toutes inacceptables», à cette «impasse mortelle», dont la plus importante est que le refus du Maroc à permettre un règlement juste de la question sahraouie «est excusé à plusieurs reprises par des puissances européennes». Plus explicite, il pointe du doigt la France qui «continue à bloquer les efforts diplomatiques à l'ONU susceptibles de mettre un terme au conflit, y compris les initiatives visant à faire bénéficier la Minurso d'un mandat de surveillance des droits de l'Homme». Concernant la position américaine dans le dossier sahraoui, M. Stevenson indique que si les Etats-Unis avaient, auparavant, soutenu le roi Hassan II et financé la campagne militaire marocaine contre le Front Polisario, «le paysage est en train de changer». A ce propos, il cite le projet de résolution élaboré par les Etats-Unis, avec le soutien de la Grande-Bretagne, qui avaient proposé en avril dernier d'introduire le mandat des droits de l'Homme au sein de la Minurso. En dépit du rejet par la France de ce projet de résolution et de la campagne menée par le Maroc contre ce texte, avance-t-il, il n'en demeure pas moins que cette initiative des Etats-Unis est «un signe encourageant». En effet, renchérit-il, «avec un gouvernement américain ouvert à une politique positive pour la résolution de la question du Sahara Occidental, l'action minimale de surveillance des droits de l'Homme par les Nations unies dans les territoires sahraouis occupés semble à portée de main».
R. I.
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