Hommage à Amar Saïdani : Sidi-Saïd divise l’UGTA
L’hommage rendu samedi dernier au patron du FLN, Amar Saïdani, par Abdelmadjid Sidi-Saïd a aggravé les frictions au sein de l’Union générale des travailleurs algériens. Par son action inédite, le secrétaire général de la plus grande organisation syndicale du pays a étonné plus d’un. Il a surtout suscité un vent de mécontentement au sein de la centrale syndicale. Car nombreux sont ceux qui trouvent «maladroit» voire «incorrect» et «injuste» qu’une organisation syndicale de la taille de l’UGTA honore un chef de parti. «C’est une chose qui n’a jamais été faite auparavant. Sidi Saïd a commis un "impair" qui risque de lui coûter cher. Car au sein de l’UGTA, il y a toutes les sensibilités politiques. Pas seulement des militants du FLN. Ceux qui n’appartiennent pas à ce parti n’arrivent pas à comprendre les motivations d’une telle opération. Ses adversaires l’exploitent pour solder leurs comptes avec lui et ses soutiens se trouvent gênés», souligne un cadre de cette organisation qui parle de vives tensions qui risquent de s’amplifier dans les prochains mois à l’approche du congrès qui devra se tenir après la présidentielle de 2014. «Beaucoup de syndicalistes réprouvent cette démarche unilatérale de Sidi Saïd qu’ils considèrent comme un alignement total sur un parti politique, alors que la pratique syndicale oblige à marquer ses distances avec les hommes politiques pour ne pas se compromettre et bien défendre les intérêts des travailleurs», ajoute la même source. Le groupe de Salah Djenouhet, adversaire affiché de Sidi-Saïd, mène, d’après notre source, une campagne auprès des syndicalistes pour les rallier à leur «cause». «Le moment est propice pour ce genre de travail, surtout que le patron de l’UGTA cumule les fautes ces derniers mois, irritant de plus en plus de syndicalistes animés par la volonté de porter haut et fort la voix des travailleurs», estime notre source. Ses adversaires, à leur tête Salah Djenouhet, également cadre au RND, qui ne perd pas espoir de lui succéder, sont plus que jamais résolus à se battre pour tourner, dit-on, la page Sidi-Saïd. Par son geste qui n’a pas encore révélé tous ses secrets, Sidi-Saïd a ainsi réussi à se mettre à dos une bonne partie des syndicalistes qui s’interrogent sur ce qui a pu motiver une telle action. Les partisans de la réforme de la centrale syndicale envisagent de monter au créneau. Sidi-Saïd a-t-il décidé de son propre gré ? A-t-il exécuté des «ordres» ? Pourquoi maintenant ? Autant de questions qui ne trouvent pas de réponses. Le mécontentement risque ainsi de s’étendre au sein de l’UGTA. Reste à savoir si le patron de l'UGTA va pouvoir éteindre à temps le feu qu’il a lui-même allumé.
Sonia B.
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