Ils se sont tus
Par Kamel Moulfi – Du temps de Mouammar Kadhafi, les critiques contre sa façon de diriger son pays venaient de tous les milieux, rares étaient ceux qui ressentaient une sympathie pour ce leader atypique à cause de ses extravagances et du mépris qu’il ne manquait pas d’afficher, à sa manière, à l’égard des autres. Pour des raisons qui n’ont rien à voir avec ces caractéristiques – la plupart des gouvernements occidentaux avaient fini par s’en accommoder –, la «communauté internationale» a décidé que Kadhafi devait partir et l’Otan s’y est appliquée en menant une guerre avec un acharnement sans précédent s’agissant d’un Etat souverain, membre de l’ONU. Cela fait deux ans que Kadhafi est parti, sauvagement assassiné, dans les circonstances que l’on sait, par les services occidentaux. Obama, Sarkozy, Cameron et d’autres, Bernard-Henri Lévy en tête, ont pavoisé. Ils sont mystérieusement silencieux aujourd’hui devant le spectacle effrayant qu’offre ce pays pour lequel le terme chaos semble avoir été inventé. En effet, la situation a dépassé le stade de l’instabilité et celui de l’insécurité qui l’accompagne. Parler d’atteintes aux droits de l’Homme est un euphémisme qui ne correspond pas du tout aux conditions critiques vécues par la population. La guerre n’est pas finie et ses conséquences menacent toujours la région, et, plus immédiatement, les voisins directs comme l’Algérie. Deux ans après, les observateurs parlent d’implosion. Bien dotée en service public de base quand Kadhafi présidait aux destinées du pays, la Libye enregistre maintenant, y compris dans la capitale, Tripoli, régulièrement des coupures d’électricité, des ruptures d’approvisionnement en eau, qui empoisonnent la vie quotidienne de la population. Le plus grave, évidemment, est dans l’insécurité créée par la multiplicité des milices armées qui patrouillent en terrain conquis et font la loi ; en fait, elles agissent en dehors de toute loi. Les Occidentaux, diplomates et hommes d’affaires, qui se croyaient maîtres des lieux, ne veulent pas y rester. Et où est ce pétrole dont l’odeur a fait perdre la tête aux dirigeants américains, français et britanniques ?
K. M.
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