Les comptes bancaires de Chakib Khelil à l’étranger ne peuvent être ni saisis ni fermés
Aucune mesure de blocage ni de saisie des comptes de Chakib Khelil n'a été opérée aux Etats-Unis ou au Canada. Nous ne voulons pas, bien entendu, contrarier nos confrères, car sans modestie et respect point de journalisme comme on dit. Mais selon nos sources, les informations livrées à deux organes de presse algériens étaient complètement fausses. Ce qui est vraisemblable, c’est que Chakib Khelil et sa famille (sa femme surtout) disposent de comptes personnels à la banque Wells Fargo, à Rockville, Maryland. On cite aussi le cas de Bank of America, à Mclean, Virginia. Pour bloquer (block), geler un compte (froze) ou procéder à une saisie-arrêt (garnishee summons), la banque de domiciliation doit recevoir un ordre de la cour, ou de toute administration fédérale ou territoriale, à leur tête l’IRS (Internal revenue services). Même s'il l’infirme, Chakib Khelil comme sa famille sont des citoyens américains et toute mesure de ce genre devrait obéir à une décision du tribunal. L’ex-ministre de l’Energie qui prétend n'avoir que la nationalité algérienne verse incontestablement dans le mensonge, lui qui se trouvait déjà citoyen américain au début de 1970. Selon une information sûre, Chakib Khelil a des comptes à Panama City qui ne peuvent faire l'objet ni de saisie ni de fermeture. Il aurait même tenté d'ouvrir un business là-bas. En novembre 2012, Khelil a acheté un domaine internet en son nom www.chakibkhelil.com chez Enom INC Registrant Organization: Whoisguard, INC. Registrant Street: P.O. Box 0823-03411. Registrant City: Panama.
A Londres, Chakib Khelil posséderait des comptes commerciaux pour gérer sa compagnie Mantral Limited avec son associé Yomtov Jacobs. L’autre information importante réside dans le fait que Khelil était prêt à venir en Algérie dès le mois de septembre pour s'expliquer sur ces accusations qu'il considère comme une fabrication de journalistes obéissant à un clan hostile, le tribunal d'Alger aurait cédé puis agi sur la base de directives et d'ordres venant de ses «adversaires» alors qu’aucune preuve matérielle ne pouvait l'incriminer. Chakib Khelil, que certains considèrent comme un traître qui a donné le pétrole algérien aux Américains, avait peur pour sa sécurité s’il était mis en détention provisoire. La tension aurait, semble-t-il, monté entre le président (son porte-parole) et Chakib Khelil qui tarde à venir pour s'expliquer devant tout le monde sur une affaire qui pourrait tôt au tard provoquer l'effondrement du clan présidentiel. Si les actions engagées par la justice italienne ont ouvert une porte pour voir comment on opérait au sein de Sonatrach, Chakib Khelil mise encore et démesurément sur son innocence, mais en vérité sur l'inexistence de preuves suffisantes pour le déclarer coupable. Dans ce cas précis, il est tout à fait judicieux de souligner que la justice italienne est guidée aussi par le souci de récupérer des sommes qui ne lui appartiennent pas, de quoi arnaquer Sonatrach. De bonne guerre, oui, à la rigueur, ils défendent leur pays. Pour nous, aujourd'hui, nul ne peut occulter la catastrophe Khalifa Bank, les affaires dans le secteur de l'énergie, et plus grave encore, celle de l’autoroute Est-Ouest, lesquelles ont causé un préjudice de l’ordre du produit intérieur brut d’un pays comme Madagascar. Or, la question qui provoque des spéculations concerne le mandat d'arrêt international émis par l'Algérie et dont la responsabilité de l’appliquer revenait à Interpol, laquelle est habilitée à saisir les polices des pays membres. Selon Echorouk, un député de l’APN aurait demandé au ministre de la Justice d’établir un nouveau mandat d'arrêt par un tribunal supérieur, vu le statut ministériel de Chakib Khelil. Selon le même député, repris par le même journal, Interpol ne pouvait appliquer l'actuel mandat car il venait d'un tribunal inférieur. Le raisonnement de notre député est faux, même s’il jouit de beaucoup de crédit après ce qu’il a dit sur la manière de faire de la justice Louh. Pour Interpol, le statut de Chakib Khelil, ministre ou veilleur de nuit, ne l'intéresse pas. L'Algérie est membre d’Interpol et le canal policier de liaison pour la transmission des mandats a été respecté. Cependant, pour le cas de Chakib, Najat Khelil et leurs enfants, la chose paraissait un peu difficile à appliquer pour Interpol. Pourquoi ? Tout d'abord, il y a une culture américaine, surtout chez les sénateurs, qui qualifie la justice dans le monde arabe de rétrograde, incompétente, minée par la mainmise des régimes corrompus. Bien qu’il est interdit sur le territoire des Etats-Unis de procéder à des perquisitions et saisies déraisonnables et d’opérer tout mandat de recherche fondé sur des motifs peu probables, Interpol ne pouvait nullement ne pas tenir compte des avis du National Central Bureau (NCB) qui est là pour surveiller toute demande d'arrestation de citoyens américains. Une opposition d'application du mandat par Interpol serait la principale cause de l'inexistence de la red notice sur le site de la police internationale. Selon certains avis, le NCB aurait déjà considéré comme farfelu voir frivole le mandat algérien pour un dossier aussi complexe. L’autre chose qui cloche dans la démarche algérienne est que, selon de sources sûres, aucune commission rogatoire algérienne ne s’est rendue aux Etats-Unis avant que le mandat soit émis. Y en a-t-il eu ces derniers jours ? Rien ne l'indique. En tout cas, c’est un peu honteux de voir un procureur émettre, de manière populiste, un tel mandat, tout comme il serait amusant de voir quelqu'un demander à l'ambassade américaine de livrer Chakib Khelil.
L. Sedrati
Correspondance particulière des Etats-Unis
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