L’escroquerie du «printemps arabe» : la désillusion envahit les médias de l’Otan
La Libye «made in NATO» voit en cette fin octobre deux années d’anarchie violente succéder à la prospère Jamahiriya de Kadhafi. Années interminables … «La Libye, plongée dans une transition chaotique émaillée de violences, marque mercredi sans faste ni enthousiasme le deuxième anniversaire de la chute du régime de Mouammar Kadhafi.» Quel aveu ! Il faut lire les médias de l’Otan pour prendre la mesure de la désillusion qui envahit les professionnels de l’information aux ordres à propos du soi-disant «printemps arabe». Prenons Le Temps, quotidien suisse de référence et partenaire du Monde et du Soir (Bruxelles), éperdu d’amour pour tous les barbus «rebelles», en Tunisie, en Egypte, en Libye et en Syrie. Il nous explique aujourd’hui, sans remord ni mea-culpa, la destruction et le désenchantement du monde arabe. A propos de la Tunisie, le quotidien genevois décrit : «Les électeurs dégoûtés par les politiciens» ; « Manifestation fin septembre pour demander la dissolution du gouvernement de coalition dirigé par le parti islamiste Ennahda. Deux ans après les premières élections législatives libres, les citoyens critiquent une classe politique plus intéressée par les luttes de pouvoir que par leur quotidien, qui s’est nettement dégradé.» Sur l’Egypte, au bord de la guerre civile entre factions pro-américaines, même constat d’échec. A voir «les points de vue Armée, Frères musulmans, libéraux… les fronts paraissent plus tendus que jamais, et l’Egypte semble au bord de l’explosion. Faut-il craindre une guerre civile, un scénario à l’algérienne, à la syrienne même ?» s'interroge Le Temps. Un éditorialiste analyse avec inquiétude qu’«en Egypte, un tragique scénario «à l’algérienne» se dessine». L’Algérie du FIS et de la décennie noire de la guerre terroriste. Pourtant l’histoire de la dernière décennie ne pouvait laisser aucun doute sur le résultat de la nouvelle vague de «démocratisation» du «Grand Moyen-Orient». Car «apporter la démocratie» c’était déjà le prétexte de la propagande de Bush II et de ses néoconservateurs pour s’emparer de l’Irak baathiste. Et les médias de l’Otan connaissent parfaitement le bilan de la «démocratisation» de l’Irak. Le Temps, précisément, commentait récemment : «Irak : une décennie de guerre en chiffres. Il y a dix ans, les Etats-Unis envahissaient l’Irak. Quel pays ont-ils laissé derrière eux ? Combien de morts dénombre-t-on et quels ont été les impacts de l’occupation américaine et britannique ? » La réponse tient en un chiffre : 650 000 civils morts. Et une réalité géopolitique : la «Prusse du Moyen-Orient» du Baath devenue un état semi-failli, livré aux Américains et à ses voisins. En voie d’éclatement, de «somalisation». Comme l’est la Libye. Et comme on voudrait que la Syrie le devienne. Les journalistes ? Aveugles, idiots ou complices ?
Luc Michel
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