Qui veut empêcher la vérité sur l’assassinat du Pr Kerroumi ?
La tenue prochainement du procès de l’assassinat du militant de la démocratie et des droits de l’Homme, Ahmed Kerroumi, n’a pas manqué de raviver la crainte des mouvements citoyens et des militants de divers bords de voir le dossier traité dans des conditions qui ne favoriseraient pas la manifestation de la vérité. Le Mouvement démocratique et social (MDS) d’Oran vient, en effet, d’exprimer ses appréhensions quant à la tenue d’un procès équitable alors que de nombreuses zones d’ombre subsistent dans ce dossier judiciaire que défense et partie civile contestent d’une même voix, tout en affirmant leur soulagement après le report prononcé en septembre dernier. «Leur relative satisfaction vient de ce que ce renvoi a empêché que ce procès ne se tienne sur la base d'un dossier qui s'est avéré douteux. En effet, comment ne pas le juger ainsi quand les informations sur son contenu, parues dans la presse, font douter des éléments de preuves rassemblées pour étayer l’accusation ? » note le MDS dans une déclaration, relevant, cependant, que «tous ceux qui ont suivi ce procès ont noté que son ajournement ne s'est pas fait en réponse aux requêtes des défenseurs, mais à celle de l'accusé qui a décidé de faire corps avec ses défenseurs au lieu de les décharger comme cela lui a été suggéré». «Comment ne pas le trouver partial et tendancieux, quand l’instruction s'est révélée n'avoir été conduite qu'à charge d'un accusé qui n'a cessé, par ailleurs, de clamer son innocence, et au détriment de ses avocats dont l'action était fortement entravée au vu du rejet de presque toutes leurs demandes (demandes de contre-expertises, de droit d'accès aux journaux téléphoniques sollicités, de convocations de témoins susceptibles d’éclairer le tribunal sur certains aspects de l'affaire tels, notamment, les médecins légistes, etc.) ? » s’interroge le MDS. Cela accroît davantage le doute autour du traitement par la justice oranaise de cette affaire qui, heureusement pour le combat pour la vérité, avait mobilisé une bonne partie de l’opinion locale et bénéficié d’une large couverture par la presse nationale. Et c’est sur cela que tente de peser le MDS, dont Ahmed Kerroumi était militant, en appelant à une mobilisation aussi importante que celle de septembre dernier afin d’empêcher un éventuel passage en force d’une «certaine» thèse de l’assassinat en question. «Une plus grande mobilisation citoyenne dans et hors des institutions, de nouvelles initiatives solidaires partout et à tous les niveaux pour la vérité, toute la vérité, contribueront sans aucun doute à sa manifestation incontestable», conclut le MDS.
Amine Sadek
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