Affaire d’espionnage : l’étrange silence des pays arabes
Pendant que les réactions contre l’installation par les Américains d’un système d’écoute pour espionner les dirigeants et les institutions du monde entier menacent, en Europe notamment, de transformer ce scandale en véritable crise diplomatique avec la première puissance, les gouvernements arabes n’ont pas jusqu’à présent soufflé mot, alors qu’ils sont eux aussi touchés par cette affaire, voire à des degrés mille fois plus importants, comme vient de le révéler le site Cryptome. Ce site spécialisé dans la divulgation de documents secrets, qui a déjà dévoilé l’ampleur du scandale dans certaines capitales européennes, indique que le nombre de communications mises sur écoute par la NSA dans les pays arabes est estimé à des milliards, concernant un nombre incalculable de chefs d’Etat et de centres de décision importants. Les pays les plus touchés sont l’Arabie Saoudite, l’Egypte, la Jordanie et l’Irak. Les dirigeants d’autres pays de la région du Moyen-Orient, comme l’Iran et l’Afghanistan étaient – le sont-ils toujours ? – sur écoute. On apprend ainsi que sur les 125 milliards de communications téléphoniques ou courriels enregistrés par l’agence de renseignement américaine en seulement un mois (janvier 2013), la majorité provient des pays du Moyen-Orient. Selon les statistiques fournies par ce site, 7,8 milliards d’opérations d’espionnage auraient été effectuées en Arabie Saoudite, autant en Irak, 1,9 milliard en Egypte et 1,6 milliard en Jordanie. Mais le pays le plus perméable pour l’agence de renseignement américaine reste l’Afghanistan, avec 21,98 milliards de communications mises sur écoute, suivi par le Pakistan, avec 6,28 milliards. Cela s’expliquerait par le fait qu’en Afghanistan, les Etats-Unis conservent encore d’importantes troupes militaires depuis l’invasion de ce pays en 2001, et que son voisin, le Pakistan, est très investi par les groupes islamistes affiliés à Al-Qaïda qui constitueraient toujours une menace pour les intérêts américains dans la région. A noter enfin que deux journaux européens, The Guardian et Der Spiegel, ont récemment révélé que cette vaste opération d’espionnage ne se limitait pas aux communications téléphoniques, mais concernerait aussi les courriers électroniques.
R. Mahmoudi
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