Nouveaux gisements : l’Algérie recourt à la fracturation hydraulique
Alors que l’exploitation du gaz de schiste continue de faire l’objet d’un débat qui n’est pas encore tranché, le gouvernement, à travers le ministère de l’Energie et des Mines, a décidé de passer outre les avis des experts, du mouvement associatif écologiste et de citoyens sur la question. Sinon, comment expliquer que le premier responsable du secteur, Youcef Yousfi, annonce l’engagement imminent d’une opération d’exploitation d’un important gisement de ce type d’hydrocarbures situé dans le bassin d’Amguid Messaoud, dans la wilaya de Ouargla, à 112 km de Hassi Messaoud. Dans son élan, le ministre va jusqu’à donner quelques détails sur la découverte de ce gisement, son exploitation, les techniques de production «non conventionnelles», car, comme le précise un de ses adjoints, l’utilisation de nouvelles technologies d’exploitation des gisements pétroliers a «des coûts supplémentaires induits par le recours à la fracturation hydraulique». C’est donc bien de gaz de schiste qu’il s’agit et sans nul doute. Les propos du ministre et de ses proches collaborateurs sont, apparemment, bien pesés, puisque le ministre évite d’appeler les choses par leur nom en ne prononçant pas le mot schiste. «Sonatrach, explique-t-il, va recourir à des techniques de forage non conventionnelles pour pouvoir extraire 50% des réserves de Hassi Toumiet, alors que les techniques utilisées jusqu’ici ne permettent de récupérer que 10 à 15% du pétrole du gisement.» Le ministre fait comme si le débat était clos sur la question de l'exploitation du gaz de schiste. Pourtant, toutes les études alertent sur les dangers que les techniques d’extraction non conventionnelles font peser sur l’environnement. Comme s’il s’agissait maintenant de discuter uniquement des meilleures méthodes d’exploitation et les moins coûteuses. Selon un classement américain, l’Algérie occupe la troisième place au niveau mondial en termes de réserves de pétrole et gaz de schiste, estimées à 20 000 milliards de mètres cubes de gaz et 20 milliards de barils de pétrole, soit près de deux fois les réserves actuelles de pétrole conventionnel.
A. Bensalem
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