L’Algérie maintiendra son ambassadeur en poste à Rabat
Bien que la décision hâtive de Rabat de rappeler son ambassadeur accrédité à Alger ait pris de cours les autorités algériennes, ces dernières ont décidé de ne pas appliquer le principe de la réciprocité comme elle l’a toujours fait dans ce genre de situations. Algeriepatriotique a appris, en effet, que l’Algérie ne veut pas entrer dans le jeu des Marocains qui consiste à dramatiser le contexte bilatéral et à faire de la question de la surveillance des droits de l'Homme au Sahara Occidental un casus belli dans le but de décourager toutes les initiatives se rapportant à cette question au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU. Par conséquent, l’Algérie a décidé de maintenir son ambassadeur à Rabat malgré cette escalade préméditée qui se fonde sur des motifs fallacieux. Cette réaction «souple» de l’Algérie est inédite. Il faut rappeler qu’en 1986, lorsque la France avait imposé le visa à plusieurs pays étrangers, l’Algérie avait été parmi les premiers et rares Etats à réagir en imposant à son tour le visa aux ressortissants français. Le Maroc, dont les citoyens sont toujours soumis à cette obligation, n’a jamais appliqué la réciprocité, les citoyens français étant libres de se rendre dans ce pays sans visa, à ce jour. La réaction de l’Algérie à cette nouvelle entorse aux règles de bon voisinage était attendue, si on en juge par les multiples appels du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à l’adresse des responsables politiques marocains qu’il a appelés à la «retenue» et à la «sagesse». De leur côté, les médias marocains redoublent de férocité à l’égard de l’Algérie à qui ils reprochent d’«entraver les efforts de rapprochement» entre les deux pays, gavant les Marocains d’informations mensongères sur notre pays, accusé de tous les maux et, surtout, de vouloir «détourner l’opinion algérienne des problèmes internes». On se souvient qu’en 1994, lorsque le roi Hassan II avait décidé de façon unilatérale d’imposer le visa d’entrée aux Algériens, suite à un attentat terroriste commis par un groupe islamiste armé marocain à Marrakech, l’Algérie avait non seulement appliqué la règle de la réciprocité, mais avait décidé de fermer la frontière. Une décision qui avait surpris le Makhzen à l’époque, lequel ne s’attendait pas à une telle riposte. Durant la même période, et par vengeance, le Maroc a servi de base arrière pour les groupes terroristes algériens et est allé jusqu’à héberger sur son sol le fondateur du GIA, Abdelhak Layada. Ce dernier avait alors été localisé par les services secrets algériens, alors que le ministre de l’Intérieur, Driss Basri, niait sa présence sur le territoire marocain jusqu’à ce que le Maroc, suite à de sérieuses menaces de l’Algérie, eût accepté, contraint, de remettre ce terroriste aux autorités algériennes. Hassan II avait tenté de monnayer sa restitution en contrepartie d’un «assouplissement» de la position de l’Algérie sur l’affaire du Sahara Occidental. Mais le chantage n’avait pas marché et le roi du Maroc avait dû se résigner à se séparer de sa «carte» sans aucune concession en retour.
Karim Bouali
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