Laurent Fabius avoue à demi-mot : «Les terroristes d’Al-Qaïda ont touché de l’argent contre la libération des quatre otages français»
Qui va croire qu’Al-Qaïda libère ses otages sans conditions ? Personne, et encore moins dans l’affaire des quatre Français qui avaient été enlevés par les terroristes d’Aqmi, le 16 septembre 2010 à Arlit, au Niger, et qui ont été libérés mardi. En déclarant qu’aucun «argent public» n’avait été versé pour obtenir la libération des otages, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avoue implicitement que des versements d’argent ont été effectués par Areva, qui a le statut de groupe privé. L'Etat français étant actionnaire majoritaire dans Areva, il n’est pas faux de considérer que c’est la France qui a payé la rançon. Cette version est sérieusement soutenue par les médias. LeMonde.fr se réfère à une source française pour affirmer qu’«une contrepartie de plus d’une vingtaine de millions d’euros a été versée (…). L’argent a été prélevé sur les fonds secrets alloués aux services de renseignement». D’autres médias rapportent qu’une source proche des négociateurs nigériens – qui ont joué le rôle d’intermédiaires avec les terroristes – a précisé que la somme était comprise entre 20 et 25 millions d'euros. Cette thèse est rendue plausible par la protestation de la fille d'un autre otage qui n'a pas été libéré et qui a dénoncé les deux poids deux mesures dans le traitement de cette question, parce que son père, a-t-elle dit, «ne travaille pas chez Areva». L'Union européenne, qui a mis en garde les pays européens contre le paiement de rançons aux groupes de terroristes, devrait donc s'adresser à la France qui, elle, les rémunère à coup de millions d'euros qui leur serviront sans doute à préparer et perpétrer d’autres massacres à long terme, puisque Paris permet à ces criminels de perdurer, de s'armer, de recruter et, en fin de compte, d'enlever d'autres Français pour se faire de nouveau payer. La mise en scène diffusée en direct hier sur toutes les chaînes de télévision françaises montrant le François Hollande tout excité devant cet «exploit», donne sa signification politique à cette opération : faire remonter le président français dans les sondages.
Karim Bouali
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